ARCHE
7.3
ARCHE

Album de DIR EN GREY (2014)

Je ne suis pas un grand critique de musique, encore moins quand il s'agit de parler d'un groupe du coeur tel que Dir en Grey. C'est d'autant plus difficile que le groupe a écumé pas mal de genres, de la pop-rock un peu dark de ses débuts visu avec Gauze (vive les perruques et les costumes à paillettes), Macabre, Kisou et Vulgar à un tournant plus metal, un peu death, symbolisé par Withering to Death, the Marrow of a Bone et deux albums que j'ai moins appréciés, Uroboros et Dum Spiro Spero. Le groupe japonais affiche tranquillement près de 20 ans de carrière, sans jamais avoir changé de membres, avec un Kyo toujours aussi lyrique et énervé. Apprécier Diru passe inévitablement par tomber amoureux de la voix du chanteur, à l'étendue vocale peu égalée dans le monde du metal. Plus de 3 ans après Dum Spiro Spero, je m'interrogeais sur le tout dernier-né Arche, la "naissance" en grec. Ces interrogations étaient fortes étant donné que le groupe sortait d'un tour japonais durant lequel ils ont déterré leur tout premier album, Gauze. Un retour aux sources donc ?

On peut dire que Arche est un album assez opaque, dont la première écoute peut laisser de marbre, qu'on soit connaisseur du groupe ou non, peut-être est-ce dû à un mix carré, sans aspérités. L'album est censé décrire la douleur, un vaste programme pour Dir quand on connaît le goût prononcé du groupe pour le gore et le macabre. Arche commence par la chanson "Un Deux", avec un petit accompagnement électronique qu'on n'avait pas entendu depuis un moment chez Dir. La voix claire de Kyo nous avait manqué franchement, je n'ai rien contre ses cris gutturaux mais c'est dommage de ne rester que sur une partie de son talent vocal, sans parler de son talent d'écriture, plus inaccessible à moins de parler japonais de façon irréprochable.

"Un Deux" est une chanson qui aurait pu être sans trop de problème sur de vieux albums comme Macabre ou Withering to Death si on ne décelait pas un léger changement dans le son, plus lourd et atmosphérique avec une basse plus libre et présente. "Soshaku" nous montre un côté plus romantique de Dir, plus nostalgique, avec des envolées lyriques de Kyo qui irriteront certains, mais raviront d'autres. Les envolées alternent avec les cris sur "Uroko", dont la diversité du chant pourrait nous faire croire que le groupe possède plusieurs chanteurs. Plus carré, ce début d'album s'appuie sur des riffs entêtants, il y a même des petits solos, fait rare chez Diru. "Phenomenon" me rappelle étrangement "Embryo", un de leurs vieux titres, avec son début que ne renierait pas Nine Inch Nails et une fin bien plus mélodique. Dans "Rinkaku", Kyo monte dans les aigus, reste en voix claire tout le long pour notre plus grand plaisir. Je parle beaucoup du chanteur, mais il faut avouer que c'est un peu l'image de marque du groupe, ce pourquoi on aime ou on déteste. Dans le même ordre d'idées, "Kaishun" est l'une de mes chansons préférées, tout semble bien s'enchaîner. Arche contient d'autres chansons plus classiques de ces dernières années comme "The Inferno", "Midwife", ou "Magayasou", vite passables. Je les trouve même un peu dommages après nous avoir transporté sur "Rinkaku" ou "Kaishun". "Chain Repulsion" et "Sustain the Untruth" semblent taillées pour le live, très classiques pour Dir en Grey mais sautillantes. Deux autres chansons se révèlent assez amusantes, "Cause of Fickleness" et "Behind a Vacant Image", Kyo s'éclate et ça s'entend. Le groupe se fend même d'une petite balade avec "Kukoku no Kyouon", idéal avant une fin d'album catalcysmique avec l'énervé "The Inferno", mais surtout l'une des chansons les plus abouties de Arche avec "Revelation of Mankind", démonstration vocale de Kyo qui commence en voix claire avant de tomber dans le cri, mention spéciale pour le riff dansant et entêtant et les derniers cris assez fous.

Dir en Grey ne plaira jamais à tout le monde. Avec un fort penchant avant-garde, Arche est un album finalement très mature, reprenant ce qui se faisait de bien dans la discographie. La voix de Kyo a rarement été aussi belle et puissante. Homogène et pourtant libre, Diru s'est éclaté pour ce neuvième album, peut-être celui qui réunira les die-hard fans de Gauze et les darkos de Uroboros. En tout cas, je réécoute du Dir grâce à Arche, et c'est plutôt cool.

Conseils : Revelation of Mankind, Rinkaku, Kaishun, Un Deux, Uroko.
Pseek
9
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le 20 févr. 2015

Critique lue 475 fois

6 j'aime

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