Comment peut-il faire un truc pareil après le succès planétaire de Purple Rain ? On se croirait revenu au joyeux bordel des débuts. Seule explication plausible, sa majesté Prince se rend compte que le succès a pour effet collatéral d’enfermer dans une cage dorée, et condamne à refaire tout le temps la même chose pour rééditer le succès, (impératif du producteur), et aussi pour ne pas décrocher de son public, (le public est souvent peu friand en expériences, ou d’expérimentations). Là il dit haut et fort : « Je veux être libre ! Je fais ce que je veux ! » D’où le début du malentendu entre lui et sa maison de disque, et les fans de la première et deuxième heure.
Faire un bœuf avec ses potes musiciens, enregistrer le tout, mixer ce qui a de la gueule, évidemment que ça ne suffira pas. Mais il s’en fout. On entend beaucoup d’influences, beaucoup de pistes ébauchées mais pas abouties, les synthés qui font électrique, le piano acoustique qui se fond dans le décor, les sonorités indiennes, (plus original que musical), la musique afro-américaine, mais pas à son meilleur, la pop… A l’écoute on sent un truc complètement hétérogène, sans envergure, on est en droit d’attendre plus d’exigence d’une carrure comme lui.
Cet album me fait penser à un hommage au Journey Trough The Secret Life Of Plants de Stevie Wonder, lointain hommage en beaucoup moins inspiré; comme quoi de grosses ambitions, (le tour du monde quand même), ne suffisent pas toujours à faire de bons albums. Il n’y a que le langoureux Paisley Park, le tubesque Rasberry Beret (très bon), et un superbe Pop Life avec un texte profond et lumineux qui nous rappellent les dons de compositeur et d’arrangeurs du monsieur; et ça laisse entrevoir ce dont il est réellement capable, mais ce n’est pas assez. Le reste, on l’oublie assez vite.
Ça, c’est un album qui n’a pas aidé dans sa compétition avec un certain MJ, et c’est le signe du début de ses errements discographiques qui ne vont pas tarder à dérouter ses fans et le public tout court.