2017 est l’année du duel au sommet entre les deux frères d’Oasis. A même pas deux mois d’intervalle, ils sortent un album chacun de leur côté. Si ce n’est pas surprenant de la part de Noel Gallagher, qui avait déjà commencé sa nouvelle carrière en 2011 suite à un très bon premier disque, ça l’est plus du côté de son frangin. En effet, il a toujours évolué dans un groupe et il n’était finalement que la voix de la plus grande formation de la britpop puisque sa participation à l’écriture des chansons était occasionnelle. Malgré les quelques bons moments des débuts de Beady Eye et certaines fulgurances (« Little James » et « Born on a Different Cloud »), affirmer que Liam égalisait son frérot en tant que songwriter confine à de l’auto persuasion. Que ce soit en termes de quantité et de qualité, Nono est loin devant. Liam était surtout un chanteur charismatique, point barre.
Cependant, As You Were semble incarner une revendication de faiseur de chansons. Un statut qui chatouille le sale gamin de Manchester depuis longtemps maintenant. Cette fois-ci, il est seul et la pochette est plus que claire à ce sujet. Ou du moins, c’est bien ce qu’elle essaye de nous faire croire. Liamounet étant un punk mélancolique.
Punk, parce que c’est un fouteur de merde aux reins solides, donc capable d’électriser une scène. Néanmoins, il a besoin d’être encadré pour être à son meilleur (un rôle que son brother tenait à la perfection au sein d’Oasis). Pour le remarquer, il suffit de jeter un coup d’œil au line up de cet album, long comme mon bras.
Mélancolique, car il adore les Beatles et notamment John Lennon. Le membre qui apportait une pointe de désenchantement dans la musique des Fab Four. Le lien entre As You Were et Imagine ne se faisant pas que dans leurs pochettes respectives mais également dans les morceaux. Car en dépit de quelques titres rock bien dynamiques (le très bon « Wall of Glass », les plutôt moyens « You Better Run » et « I Get By »), il y a finalement beaucoup de pop ici. En particulier, des ballades. Parfois jolies (« Bold », « Chinatown »), à d’autres moments dangereusement proches de la variété (la trop sucrée « For What It's Worth » qui colle méchamment aux dents).
Au final, il vaut quoi ce disque solo ? Hé bien, pas grand-chose hélas. Trop rétro et trop dans les clous pour enthousiasmer tout en étant encombré par une pléthore de chansons oubliables. La déception étant amplifiée par le fait que le Gallagher junior n’assume pas en réalité de tout faire lui-même. Les participations ne se faisant pas qu’avec des instruments supplémentaires, mais aussi dans l’écriture de plusieurs morceaux (certains tels que « Paper Crown » et « Chinatown » ne sont même pas de cette tête de mule !). On aura beau dire ce qu’on veut sur Nono, au moins lui, il indique sur ses albums qu’il joue avec son groupe. Reste quelques chansons aux mélodies imparables rappelant que Liam n’est pas dénué d’un talent pour écrire des refrains entêtants (« When I'm in Need » et le plutôt triste « I've All I Need »). Il est donc dommage qu’il ait autant de mal à l’étendre sur la durée d’un album.
Dans une interview, Liamounet annonçait que cette sortie serait probablement sa dernière si elle ne se vendait pas. Heureusement pour lui, elle s’est immédiatement placée numéro 1 des ventes dans son pays. Malheureusement pour nous, il avouait également que c’était la meilleure chose qu’il puisse faire et qu’il ne se voyait pas nous surprendre avec un disque de reggae ou de dance.
Fort heureusement, Noel, de son côté, ne s’abandonne pas à ce genre de passéisme.
Chronique consultable sur Forces Parallèles.