Voilà, on y arrive. A l'épuisement d'un concept. A la fin de l'inspiration. A l'ennui qui marque la dernière étape de la vie d'un groupe aux idées finalement un peu courtes. The Kills ont sans doute trop vécu - et longtemps survécu - grâce à l'alchimie électrique entre Alison et Jamie, deux chats sauvages dont on adorait écouter - et encore plus regarder (live) - les combats sensuels. Riffs saignants, voix sexy, amateurisme sympa, rock'n'roll attitude, plus quelques chansons correctes. La recette d'un succès qui ne pouvait décemment pas triompher du passage des années. Quand l'amour et la jeunesse se sont envolés entre Alison et Jamie, The Kills ont pris un petit virage pop qui a fait illusion le temps de deux albums. Sur "Ash & Ice", les compositions elles - mêmes ont faibli, et si l'on ajoute l'effet lénifiant d'une production calamiteuse (des bidouillis électroniques, une sorte de sacrilège en soi), on obtient un album terne, ennuyeux au possible, qui ne génère ni joie ni excitation, dont on sera bien en peine de mémoriser aucune chanson malgré des écoutes répétées. Un album qui visite avec compétence (quel mot atroce quand on l'associe aux Kills !) des styles plus variés qu'à l'habitude - blues, garage, surf, soul, pop : un album désespérant qui sent la mort. La mort du Rock, de notre jeunesse, de nos illusions. Je vous implore : n'écoutez pas "Ash & Ice", il ne peut que vous faire du mal ! [Critique écrite en 2016]