6.3/10 et deux-trois critiques négatives (construites de manière assez inégale) c'est plus ou moins la seule chose qu'on trouve sur AT.LONG.LAST.A$AP. La où le dernier album de Kendrick Lamar avait déclenché une pluie de critiques (dont la majeure partie saluaient le travail du MC de Compton)... Arrêtons nous tout de suite il ne s'agit en aucun cas de comparer les deux comparses, ou d’entrer dans une énième tentative de faire re-naitre le clash East Coast vs West Coast... Ici on parlera des similitudes des deux albums, mais surtout d’A.L.L.A. Les méthodes marketing, gentiment empreintés à Beyoncé, le "suprise album/release" (qui est un peu la marque de frabrique de 2015, Drake et Earl Sweatshirt s'y sont aussi amusés). Ou encore les influences communes aux deux la G-Funk….
Enfin passons, pour nous concentrer sur le Pretty Flacko, et sur la suite tant attendue de Long.Live.A$AP. Le rappeur aux multiples casquettes tente dans cet album d’en ajouter une, le king du “name dropping” (Le name dropping est une figure de style qui consiste à citer des noms connus, notamment des noms de personnes, d'institution ou de marques commerciales. Merci google) de marques de luxe, se trouve une nouvelle passion pour les Acids. Assez de proche de sa période “Purple”, couleur du célèbre Purple Drink, mélange de Sprite et de Codéine, plutôt répandue dans le milieu du Rap (Lil Wayne trouverait sa voix si particulière grâce à ce mélange qui inclue du sirop pour la toux). Ici la Fashion Killa, laisse place au L$D… Un trip sous Acids musical, plutôt risqué, mais un challenge de taille, on se souvient tous de la “Space Oddity”, de David Bowie, ou de Strange Days des Doors… Je vois déjà des cheveux se crisper (oui des cheveux qui se crispent c'est assez technique mais laissons parler notre imaginaire 30 secondes). Et NON c’est en aucun cas une comparaison entre ces deux monuments et les 18 tracks du New-Yorkais, mais mise en perspective (plutôt audacieuse avouons-nous le). Et lorsqu’on a écouté la totalité de l’album, on ressemble bien-sur ces influences de la culture Hip-Hop, parfois dans ce qu'il y a de pire, mais aussi celle du Rock Anglais (et pas que du Blues comme certains le diront, la présence de Rod Stewart devrait suffir).
Après tout est a nuancer, ses influences ne sont pas présentes sur tous les titres, mais L$D en est le meilleur exemple. Ou on retrouve un Rocky rapant sous acid qui se trouve même des aires de Crooner sur le hook. Ce qui pourrait nous donne un aperçue de ce que donnerait un Album d’A$AP Rocky à 40 ans...
Assez parler de ce qu’il n’y a pas sur cet album, une des autres choses qui marque cet LP, c’est le nombre de “featuring” présents. On en compte 16 dont Mark Ronson (à qui on doit entre autres Uptown Funk de Bruno Mars) le défunt Yams (crédité en tant que producteur aussi), Kanye West (qui produit un son plein de Kanye West avec ce que ca implique de génial et de détestable). Des productions riches, et différentes un réel bol d’aire dans une ère ou le rap West-Coast Dj-Mustarisé, et Rap-EDM dominent outrageusement. Notons d’ailleurs que ce mélange doit beaucoup à A$AP, qui avait eu la bonne idée de le faire avant que cela soit “Cool” (Wil For the Night, début 2013).
Un bémol est a noté dans ce casting façon Expendables , c'est la présence sur 1/3 des morceaux, et pourtant certains des plus réussis, de Joe Fox. Alors oui donner sa chance à un artiste de rue est une idée noble. Mais une idée qui parait génial en sortie de soirée, n'est l'est pas forcément le reste de l'année. Et il faut aussi savoir dire stop, malheureusement notre ami chanteur/vagabond n’est pas à la hauteur du challenge, tout le monde n'est pas Benjamin Clémentine (musiciens qui a commencé à chanter dans la rue, plus précisément dans le métro ligne 2 pour être précis)
Donc riche oui, mais assez inégale. Mais qui nous livre plusieurs pistes qui doivent être exploitées. SchoolBoy Q sur le morceau “Electric Body” (dont la vocation commerciale n'est clairement pas cachée) , rap plus vite, Lil Wayne sur M’$ lâche un de ses meilleurs couplets depuis des années (qui vient de nous proposons "Glory", et nous prouve que Lil Tunechi est bien de retour)… Certains diront que Rocky n’arrive pas à porter 18 tracks tous seul d’autre qu’il sait bien s’entourer.
D'autres morceaux assez minimalistes, (Canal St, et L$D) sont des bijoux du genre, trois notes de guitars pas besoin plus. Même son fameux “Ohh” (fait avec une voix très grave, presque roque) se raréfie, là où il nous le matraquait tous les 3 hook sur son précédent opus. Mia revient sur le morceau accrocheur Fine Whine et que dire du morceau Everyday… Qui trouvera sa place dans bon nombre de playlist cet été, et du délire psyché de Pharsyde mélange de dépression et de bad-trip.
On regrettera cependant certains échec comme West Side HighWay, où les vocals de James Fauntleroy sont à la hauteur du beat de Danger Mouse…
A$AP se cherche c'est album de transition, YAMS a créer le rappeur maintenant c'est à lui de prendre son envol.
Je finirai sur cette citation du magazine américain RollingStone à propos d’A.L.L.A. : ""Your favorite rappers' corpses couldn't match up to my importance," A$AP Rocky boasts. To put yourself above the sainted ghosts of Biggie and Pac, you've got to either be really good, crazily ambitious or just plain high — and on his second studio LP, the Harlem rapper is all these things and more.”