Autumn Aurora
7.8
Autumn Aurora

Album de Drudkh (2004)

A l'heure où j'écris ces lignes, l'automne arrive une fois de plus. Le retour du froid le matin, d'abord, puis tout le temps ; les arbres qui perdent leurs feuilles et laissent des parterres somptueux d'ocres, de rouges, d'oranges tous plus beaux les uns que les autres; les dimanches emmitouflés sur le canapé avec une tasse de chocolat fumant entre les mains, en train d'observer la pluie qui vient se jeter sur la baie vitrée ; les journées qui rétrécissent de plus en plus, jusqu'à ne plus vraiment voir le jour sur les journées de boulot. Ah ce que j'aime l'automne. Quelle saison fantastique. L'été, trop joyeux pour être honnête. L'hiver, trop fier, trop glacial, non merci. Non, l'automne, c'est vraiment à part. Un parfum de mélancolie plane dans l'air, une odeur de châtaigne aussi, sans parler des champignons.


Pourquoi je raconte ça moi? Parce que je vais parler du disque qui à mes yeux représente l'automne. Pour aller plus loin, ce Autumn Aurora EST l'automne.


"Fading" évoque les derniers jours de l'été, lorsque l'on sait qu'il touche à sa fin, qu'il ne reviendra pas avant l'année prochaine. Un mélodie simple, les oiseaux piaillent encore, on savoure les derniers moments de chaleur. Car bientôt il sera bien là. "Summoning the Rain", où la balade en forêt qui tourne à la pluie. Les éléments se déchaînent, l'automne dans toute sa violence, le fruit d'une colère soudaine. L'été à été beau et clément, mais l'implacable vérité du cycle des saisons reprend ses droits. La foudre tonne entre les arbres décharnés, la pluie fouette les visages endoloris par le froid soudain de ce mois d'octobre. On ne l'a pas vu venir. Pourtant, une certaine sérénité se dégage. Une fois cette première rencontre passée, on s'habitue à cette ambiance étrange. "Glare of Autumn" nous rappelle la beauté farouche de ces matins brumeux, de ces journées un peu ternes, avant le coup d'éclat des couchers de soleils incomparables que l'on voit à cette période. Les couleurs les plus folles, les plus éclatantes parent les dernières minutes de chaque journée de teintes magnifiques. On reste là, à observer l'horizon, longtemps même après la disparition de l'astre solaire, lorsque la nuit froide commence à s'installer. Parfois, au beau milieu d'octobre, ou de novembre, l'été semble vouloir tenter un dernier coup d'éclat. Il n'est jamais aussi flamboyant qu'au début du mois d'août, mais sa lutte avec l'automne, et le mélange que procure cette affrontement nous donne des journées de ravissement. "Sunwheel", où une certaine forme de légèreté qui vient atténuer la nostalgie des beaux jours. On sourit franchement, même si l'on sait que c'est passager. Car la seconde partie du morceau vient nous rappeler que l'on se rapproche de l'hiver, doucement mais surement. Le ton se fait moins enjoué, un voile ombrageux vient flotter sur l'instant. On est saisit, les poils se hérissent sur les bras, un frisson parcourt l'échine. Quelques larmes viennent à couler, pas de tristesse, non c'est autre chose. Cette fin de mois de novembre, avec "Wind of the Night Forest", se fait plus glaciale, plus âpre. Les beaux jours sont passés depuis quelques temps, l'heure n'est plus à la mélancolie, on vit l'instant. On surveille le feu dans la cheminée, on ne sort plus le soir, on ressort l'appareil à raclette qui traine dans le placard de la chambre d'amis. Et on continue d'observer la nature, on frotte ses mains en se maudissant d'avoir oublié les moufles sur la table de la cuisine. On grelotte un peu, mais finalement on est bien. L'air qui sort de notre bouche forme des petits nuages de vapeur. Un matin, on se lève, et le sol est blanc. De petits flocons tombent doucement du ciel gris. "The First Snow", l'automne a déjà laissé sa place, l'hiver arrive, triomphant, dans une charge héroïque. Il en impose, pourtant, on regrette déjà l'automne qui vient de s'achever.


Je ne sais pas si ce texte un peu bancal vous donnera envie d'écouter ce Autumn Aurora, cependant je vous le conseille vivement. Roman Saenko, tête pensante de Drudkh, et des excellents Hate Forest auparavant, atteint ici un niveau d'excellence dans la composition de ces six titres. Et pour ne rien gâcher, l'artwork de la réédition (album remasterisé pour l'occasion) sortie en 2009 chez Season of Mist est magnifique, parfaitement dans l'esprit du disque.


Chronique publiée un automne passé sur Xsilence.net

El_rodeo
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le 26 mai 2023

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