AVANTI
7.6
AVANTI

Album de Alessandro Cortini (2017)

Dans cet album, il est question d'ondes, de vibrations, de textures, d'ondulations. Toutes sont purement électroniques et élémentaires. Pour autant, ce serait une erreur d'appréhender ce projet telle une énième expérience purement technique et arty qui viserait à s'éloigner de la musique et de tout ce qu'elle peut avoir de conventionnel pour se rapprocher d'un son brut… l'onde sonore - bien souvent au risque de perdre de vue ce que la musique a de plus évident et universel à offrir : des émotions. Cet album n'est pas l'une de ces expériences.


L'exercice est simple et se répétera pour chaque piste : un début en douceur ouvert par un ostinato épuré, puis une intensification progressive par le biais de multiples ajouts sonores échafaudés, dispersés, modifiés et qui finiront par occuper tout le spectre. La recette est connue. Éculée.

Pourtant le résultat est ici bouleversant. Pour chaque track, on s'aperçoit toujours avec un temps de retard que lorsque les ondes et les vibrations s'ouvraient et se propageaient (lentement, presque insidieusement), Alessandro Cortini forait en réalité un tunnel en direction de notre âme.


Je reconnais volontiers que - comme beaucoup je pense - lorsque j'écoute de la musique ou me lance à la recherche de découvertes, l'objet de ma recherche est… le beau. Lorsqu'une œuvre obtient le laissez-passer de cette porte du Beau qui m'est propre (subjective par essence), il a ensuite tout le loisir d'accéder à mon cœur - du moins, plus rien ne le retient.

Avec AVANTI, point de porte du Beau et pour cause. Déjà, Cortini use de sons que je ne peux décemment pas qualifier de beaux : ils sont bruts, dépouillés d'âme et de tout aspect un tant soit peu organique. Ils sont réduits à de purs et basiques ondes sonores. Et surtout, des impressions de soupe sonore et d'emmêlements chaotiques m'envahissent lorsque j'arrive aux deux tiers de chaque piste. Pourtant… pourtant…


Il n'est pas question de beau dans cet album, mais de sensoriel : qu'il est déstabilisant de sentir son cœur se serrer à l'écoute d'une musique que l'on ne trouve pas particulièrement belle dans les faits ! Car, le beau, Cortini s'en moque - et parfois, nous le devrions aussi - et le chemin qu'il prend n'est pas celui-là. Il accédera à votre âme en creusant en vous, lentement et sournoisement. Et au moment où vous vous rendrez compte que l'émotion vous prend, vous vous apercevrez aussi qu'elle était là avant que vous ne la conscientisiez. Cela faisait déjà plusieurs minutes que les vibrations incessantes d'AVANTI foraient en vous sans que vous n'y preniez garde.


Créée

le 11 mai 2023

Critique lue 17 fois

K-A-M-I

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