La première minute de l'album peut prêter à confusion pour qui ne sait pas quel disque a été lancé. "Tiens, Candlemass a ressorti un opus ?!"
La seconde minute sème encore un peu plus le trouble. "Ah non, c'est Nightwish qui s'essaie au doom ?!"
En fait, c'est presque ça, mais pas trop. Voici le side project de Leif Edling, principal compositeur et fondateur de Candlemass, qui s'associe ici avec une voix féminine pour créer Avatarium. Il y a toujours de la place pour un nouveau groupe, et quand c'est un vieux briscard qui le forme, on écoute attentivement. Quant à la référence à Nightwish, elle perd rapidement de sa légitimité, les 2 chants étant finalement éloignés.
Le résultat se veut rafraichissant, tout en restant en sentier bien connu. On ne se refait pas, après tout. Et c'est un joyau du doom qui s'offre à nous, l'ombre de Black Sabbath errant aux côtés de celle de Candlemass, donc.
Le premier titre passé ("Moonhorse", pour ne pas le citer), tout de même après 8 minutes 40, un sourire nous barre le visage, le solo final nous ayant mis un frisson presque comparable à celui de "High Hopes" de Pink Floyd. Cette chanson est donc un parfaite réussite, poétique, envoûtante, qui nous fait planer sans que nous ayons besoin de quelques substances que ce soit. Dieu qu'il sera dur de surpasser cela !
Comme si Leif Edlig avait senti que la barre avait été mise haute dès le départ, c'est un titre avec une tout autre ambiance qui suit, "Pandora's Egg". Une semi ballade d'une beauté à pleurer nous prend aux tripes. La voix de Jennie Ann Smith, totalement inconnue au bataillon pour moi, t'emmène aisément là ou elle le souhaite, avant qu'un solo ne t'arrache de ton cocon pour te faire taper du pied, puis replaner de plus belle. On a l'impression de flotter, les nerfs à fleur de peau, on en veut encore plus. Rarement un disque ne provoque autant d'émotion. Et nous n'en sommes qu'au second titre !
Le troisième morceau se doit d'être excellent car il a la lourde tâche de porter le même nom que l'album, et le groupe. Intro écrasante, qui se calme au bout d'une minute pour laisser la place au chant cristallin. On imagine facilement ce bougre de Messiah Mercolin derrière le micro pour ce qui aurait pu être un incontournable de Candlemass. "Avatarium" sera "simplement" un chef d'œuvre d'Avatarium. Ce qui est déjà très bien, les fans du premier s'étant à n'en pas douter précipiter sur le second. 8 autres minutes de plaisir pur.
"Boneflower" ne rougit pas face à ses petits camarades. Le maitre mot de l'album est définitivement "envoûtant". Et ce titre l'est tout autant que les autres.
Le tempo ralenti légèrement (enfin, si l'on peut dire d'un groupe de doom) sur "Bird Of Prey" qui voit le spectre du Nightwish période Anette Olzon ressurgir sur les couplets. En beaucoup mieux, evidement, ce qui n'est pas bien difficile, me direz vous.
"Tides Of Telepathy" démarre par du tambour militaire avant d'avoir une guitare inquiétante en accompagnement, puis l'on s'enfonce lentement vers les ténèbres. Le chant aérien contraste avec la lourdeur de la musique pour un mariage contre nature fort excitant. Un peu comme si on suffoquait sous un ciel étoilé, c'est beau mais angoissant.
"Lady In The Lamp" est le dernier titre à venir titiller nos oreilles sur cet album. De la douceur après tant de riffs, les instruments se faisant discret pour mettre en avant la voix. On reste assis, on ferme les yeux et on est une fois de plus bercé par la beauté de l'instant.
On ne voit pas le temps passer devant ce disque. Et quand il s'achève, on se dit "déjà ?", en remerciant son créateur du cadeau qu'il nous a fait ici. Rarement un album fait voyager à ce point, procure de telles émotions... Une vraie pépite.