Le groupe de Boston sort son septième album en presque vingt ans et en profite pour se pencher sur ses bases en revenant à un son ressemblant à son chef d'œuvre Jane Doe et en invitant une bonne quinzaine de potes (Cave In, Neurosis, Genghis Tron). Mieux qu'un best-of, un album bilan, un album pour annoncer qui est le patron.
Sans écouter de métal (ici c'est du hardcore, mais on schématise), on peut sans problème apprécier la richesse des compositions du groupe qui à l'exception du premier titre gag, Dark Horse très power metal, ne fait jamais dans la démesure. Le travail est fait, et ce n'est jamais très excitant de chroniquer un disque d'un bon groupe qui sort un énième bon album. Mais le travail est bien fait, très bien fait. Converge évolue, devient plus lent, plus mélodique mais pas forcément moins lourd et moins direct. On arrive à sentir le poids du temps sur les membres de Converge plus prompt à nous surprendre avec une ballade crépusculaire, Cruel Bloom que n'aurait pas renié Tom Waits ou Nick Cave, qu'avec des morceaux ultra-rapides et bourrins.
Pourtant des morceaux courts qui frappent directement à l'estomac il y en a une bonne tripotée, tous plus rageurs les uns que les autres. Neuf morceaux sur treize sont en dessous des trois minutes mélangeant punk, hardcore et sludge bien lourd. Le reste culmine à plus de quatre minutes et demi. C'est sans conteste l'album qui évite le plus le format radiophonique (autant en dessous qu'au dessus) puisque absolument aucun morceau ne fait dans les trois minutes. Un truc chiant à dire avec des statistiques mais tellement rare qu'il convient de le souligner. C'est bien évidemment dans les morceaux plus longs que se cache les perles de l'album : Worms Will Feed qui aurait pu durer dix minutes (le morceau s'arrête subitement) qui résume parfaitement le style converge : riffs bourrins, batterie lourdes, refrains en choeurs, passages acoustiques très courts, hurlement aigus et cris de rage plus graves qui se combinent parfaitement ; la ballade Cruel Bloom bien sûr, avec Steve Von Till de Neurosis pour assurer le chant ; et le dernier morceau mélancolique Wretched World, superbe apparition du chanteur de Genghis Tron qui entraine doucement du groupe vers le post-hardcore. Le reste de l'album n'est pas forcément à jeter aux oubliettes, mais la longueur empêche un morceau de se distinguer plus que les autres (à part peut être Cutter, une minute et quarante secondes apocalyptique). Un écrin de bruit et de fureur.
Axe To Fall n'est sans doute pas le meilleur album de Converge (Jane Doe a l'avantage de la surprise du changement de style, l'album de la maturité comme on dit) mais c'est l'album où le son de Converge atteint son niveau maximum d'excellence. Jusqu'au prochain. Et c'est sûrement la seule chose qu'on peut lui reprocher, même avec tous les invités de n'être qu'un album de Converge comme un autre.