BABYMETAL
6.4
BABYMETAL

Album de BABYMETAL (2015)

Bon, Babymetal, comment dire. Rien que le nom te donne envie de brûler leur album. En 2014 quand leur premier album sort, je connais pas du tout, et je vois passer sur Facebook une video live (https://www.youtube.com/watch?v=WIKqgE4BwAY). Le nom me fait triper, qu'est-ce qu'ils ont craqué encore les japonais ? Je clique dessus comme j'aurais cliqué sur une vidéo d'un chat qui se viande d'un balcon : je me prépare à rire grassement. Je m'attend à un groupe de J-Pop vaguement trashisé, des mélodies sucrées mais avec des gros accords distordus (genre des longs accords tout mous mais pétés de disto et des looks improbables). Le morceau commence, on chuchote "Give me.. chocolate", le LOL reste coincé dans la gorge parce qu'un riff bien gras surgit. Ouille positif, ils font pas les choses à moitié : le riff, le son de la gratte, de la batterie, c'est un gros parpaing ce début de morceau, je suis bien obligé de constater qu'il va me falloir attendre pour dégueuler. A la fin du morceau, l'état végétatif n'est pas loin : qu'est-ce que je viens de voir et d'entendre ? Je relance. En fait, c'est de la merde ce groupe, dans le sens où oui c'est ultra construit et formaté, et toujours en funambule au-dessus du mauvais goût le plus total mais en même temps y'a quelque chose de.. euh, de cool. Déjà, y'a que des Japonais pour poser un concept comme ça et partir à fond dessus. "Ok on mélange de la J-Pop et du Metal ? Pas de souci mais on va pas faire semblant", c'est à dire que la fusion sera totale. Ouais, à sa façon, c'est un album de fusion. Et tous les codes du métal sont repris, détournés, parodiés, avec amusement. Et sur ce même premier morceau écouté, quand le solo arrive, les oreilles et les yeux comprennent plus trop : "oh un solo, ils ont osé, haha, couillu ! mais attends elles font quoi les gamines là ? Putain y'a un chorégraphie sur le solo ? Hahaha !"


C'est fait sans complexe (la chorégraphie sur le riff de Gimme Chocolate, faut l'encaisser putain, le riff est méchant et elles rebondissent comme si c'était la fête foraine). Les mecs s'en battent les couilles de choquer le métalleux, et à en croire les retours, ben pas mal de métalleux se sont laissés prendre au jeu. Y'a de quoi, les musiciens derrière les compos sont pas des brêles, ça s'entend tout de suite et ce tout au long de l'album. C'est dur à définir, mais perso j'ai accroché. Et donc écouté d'autres morceaux, découverts qu'il y avait un peu de tout. Les musiciens, plutôt que de faire un truc "metal", se sont amusés à réinterpréter tout un tas de tendances emblématiques du métal (plutôt récent globalement il faut l'avouer) et c'est le deuxième truc cool de ce groupe : quand on aime un peu ce style, l'album est une vraie surprise, chaque morceau on se demande quel groupe va être pastiché (parce qu'au début on se dit "tient on dirait un peu machin", mais à force on pige que c'est tout à fait volontaire). Y'a sûrement des trucs qui m'ont échappé mais dans ce que j'ai reconnu y'a :


"Catch me if you can" qui lorgne très ostensiblement du côté de Slipknot, période premier album : le riff de SIC est repris quasiment tel quel. Le refrain est ultra ultra sucré mais en fond le batteur bourrine un peu comme Joey Jordison sur leur premier album.


Gimme chocolate m'a fait pensé à Roadrunner United, le deuxième morceau, mais ça doit taper quelque chose de plus précis.


Akatsuki commence comme une simple ballade mais le riff qui se lance va chercher Children of Bodom, là aussi on est pas loin de la citation. On s'amuse de voir que le clavier se fait plaisir pile sur ce morceau.


Doki Doki Morning a un riff assez Slipknot (plus récent).


Avec Song 4 on va plutôt chercher Metallica (qu'on va mixer avec du... reggae, gratuitement, en plein millieu).


Onedari Daisuken est le morceau qui m'a fait commencer à chercher les références vraiment. Le truc commence, gros riff gras qui groove, un peu de machines, du flow, je me dis "mh, putain, mais c'est très très Limp Bizkit tout ça non ?".
Je continue à écouter, et ça semble se confirmer, les machines sont Dj Lethal, le riff revient avec le refrain et y'a plus beaucoup de doute, volontaire ou pas ça me rappelle fortement Limp Bizkit. Et là le break, "One for the money, two for the money, three for the money... Money-money-money" euh, what ? même les paroles on dirait un pastiche bien gras de Fred Durst, je crois être en train de délirer. Mais à la fin de ce break (à 2'00 environ sur cette video : https://www.youtube.com/watch?v=QJ1Taue2ON0) y'a quoi ? Carrément un sample de Fred Durst qui fait "waaa" avec sa voix trop aigüe. Excellent.


Outre ce jeu de références qui m'a bien plu, je crois que c'est vraiment le côté fusion qui m'a intéressé. C'est une fusion des genres pas faite pour le plaisir d'explorer de nouvelles voies mais histoire de fournir des sons à un groupe mais je pense que les musiciens sont bien amusés à la créer cette fusion entre J-Pop et Metal, en incorporant un peu de tout et n'importe quoi, des break reggae, du hip-hop (are you ready tout le monde ?) de la J-Pop technoïde, des soli et des riffs parfois assez déments, une production en béton armé.


Faut le prendre comme ça cet album, une fusion assez irrévérencieuse parce qu'elle ne s'embarrasse pas de respecter les codes. Elle les détourne en mode rien à battre, et pour avoir écouté une chiée de groupe de soi-disant 'true metal" récents, ben cet album leur met une branlée assez costaude. Dans le genre des trucs formatés, Babymetal explose les chevelus tatoués et dark qui se branlent sur leurs grattes en repompant sans trop oser les renverser pour autant les recettes qui marchent bien. Au moins on se fait pas chier, même si des fois certains choeurs, refrains où passages au clavier sont presque vomitifs de niaiserie (ce qui les empêche pas d'être accompagnés par exemple de double-pédale, ce qui produit un effet assez drôle comme dans ce refrain où en gros c'est "Youpi youpi c'est le matin, c'est chouette le matin youpi tralala" avec mélodie ultra ultra ultra niaise et double pédale par-dessus), ça pète dans tous les sens et c'est parfois très inventif.


Perso je me fais largement moins chier en écoutant ça que l'énième album d'un Bullet for my valentine (exemple parmi des dizaines possibles), ou même que le dernier Slipknot. Des groupes qui vont bien dans la niaiserie en essayant de la déguiser sous du gros son. Bref, en tant que fusion complètement tarée, cet album déboîte, tout simplement. Et ne pouvait venir que du Japon.


Y'a un deuxième album mais après l'avoir écouté (une seule fois il est vrai), c'est pas terrible. Déjà, ce premier album a été composé sur un temps assez long (des morceaux balancés sur plusieurs mois puis l'album en lui-même : c'était pas dit que le succès impose l'album donc ça a été fait petit à petit) alors que le second est arrivé plus rapidement. Il me semble plus convenu, moins de jeu de piste peut-être ou alors les références m'échappent, faudrait que je réécoute plus attentivement.


Sinon amusant de noter que le groupe a fait les premières partie des Red Hot (qui ont prolongé pour leur tournée US) Guns and roses, Metallica, partagé des affiches avec Limp Bizkit, Muse, Slayer, etc... Franchement cocasse. Bizarre. Bizarre qu'un truc aussi formaté (les gamines savaient pas du tout ce que c'était le metal, et au lieu de faire le "signe du metal" avec la main, elles font le signe du renard, assez proche, c'est dire) puisse être aussi rafraichissant. C'est pas Tokio Hotel.

EverettMcGill
8
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le 4 févr. 2017

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Everett McGill

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