Ballbreaker est loin de l'être...

Album parfois sous-estimé du groupe, Ballbreaker n'en demeure pas moins un très bon cru à mon goût.
Enregistré dans des conditions live, on a un son crunch, naturel, entre la batterie, la basse et les guitares, sans parler du chant.
Au niveau du style on se trouve entre la lourdeur d'un son de hard rock, sans disto, avec une très forte empreinte de blues. On a une sorte de blues-rock assez inventif dans la discographie d'AC/DC.
Niveau instrumental, on a un travail assez différent de ce qui s'est fait ; cela se traduit par un jeu sonore et harmonique évoluant vers d'autres horizons (au niveau mélodique, au niveau des accords utilisés même (attention, on trouve des chansons en do#m !)). La basse et la batterie continuent toujours d'assurer une cohésion rythmique parfaite ; la capture sonore est bien foutue, avec un son à la fois brut et brute. On entend la basse comme il faut ; par contre je pense que le bassiste a dû être payé à la note. (... c'est de l'humour)
La batterie a un son vraiment excellent, on rêverait d'avoir le même son quand on joue de la batterie chez soi :)
Les guitares ont ce même son brut, sans vraiment de disto. Juste un son de guitare crunchy, pour un album au son tout aussi crade.
Niveau vocal, Brian Johnson est en plein forme. Il n'est pas trop épuisé par la tournée précédente, assez monstrueuse, du coup il s'en donne à cœur joie à travers les 11 titres qui forment l'album.

Niveau texte vous l'aurez sans doute remarqué : on ne parle pas tricot, on s'emmerde pas avec les préliminaires. AC/DC attaque de front : avec un nom d'album pareil, on parle non pas d'amour mais de sexe ("Hard As A Rock"... okay) et de rock'n'roll. Le groupe ne s'est jamais foulé de ce côté-là, et pour Ballbreaker, manifestement ça n'a pas changé.

Les titres, parlons-en. La grande majorité des chansons est binaire, oui. Elles se ressemblent ? Oui, faut bien l'admettre. Mais au niveau des arrangements, c'est une petite perle. Bienvenue dans le Bal Breaker, un bal où tout est très carré, et où toute note jouée semble briser les murs.
On a des titres qui sont chargés de mettre une tannée à l'auditeur ("Hard As A Rock" ; "The Furor", avec des idées rythmiques et mélodiques que le groupe n'avait jamais exploité jusqu'ici ; "The Honey Roll" , qu'il faudra écouter plusieurs fois, car c'est le genre de morceau où, à la 1ère écoute, on se dit : "mais... mais WTF ?! xD"), des titres très blues-rock (le boogie "Boogie Man"), et l'un peu moins "Caught With Your Pants Down", déferlant dans une rythmique et un esprit qui ne sont pas sans rappeler un célèbre morceau du quintette. Le groupe a également, comme dit plus haut, gardé une forte empreinte hard rock ; cela s'entend dans des titres tels que "Burnin' Alive", ou "Hail Caesar" ; même "Love Bomb", moins impressionnant, est une invention qui parvient à faire bouger la tête. L'album se clôt sur un "Whiskey On The Rocks" poussif et un "Ballbreaker" magistral.

Quand on écoute cet album. On sent qu'il y a quelque chose. Il contient un concentré d'énergie qui sidère. Il ne se trouve pas forcément dans les soli d'Angus Young, mais peut-être dans cette architecture rythmique, et c'est ça qui fait le charme d'AC/DC.

Enfin, cet album bénéficie aussi de quelque chose qui se pratique chez AC/DC : l'acharnement. Chaque titre est poussé aux extrémités : tout en restant dans un cadre musical binaire, la notion de répétition ne s'est jamais fait autant ressentir qu'avec cet album (et "Stiff Upper Lip")

Pour conclure, voilà ce que Ballbreaker est : un concentré d'énergie virulente qui fait bouger la tête, avec des textes et une rythmique tous deux ciselés. Des musiciens et un chanteur très carrés, des solos en pagaille [peut-être moins ambitieux que les solos de Highway To Hell (album) ou Back in Black (album)] et une prise de son propre, en condition live.
Et mention spéciale à "Burnin' Alive" et "Ballbreaker", sans doute les 2 meilleures chansons de l'album.