Tout Stéphanois qui se respecte, qu’il le soit d’origine, de cœur ou d’adoption, se doit d’écouter tout nouvel album de Lavilliers tant l’homme et l’artiste sont respectés dans l’ancienne cité minière, tant l’homme est l’artiste ont toujours été sincères, jamais frimeurs et constamment au combat. Cet homme est un symbole et une référence pour une ville et un département qui n’ont jamais cessé de relever la tête à chaque fois que l’économie de marché tentait de les noyer. Il est aujourd’hui un messager, un émissaire des plus modestes qui aimeraient qu’un jour on les traite comme des êtres humains.
Heureusement pour eux Lavilliers ne fait pas son âge. Toujours costaud avec des bras comme des cuisses de rouleuse de Havanes, bardé de tatouages comme tout boxeur qui se respecte, il traine sa voix grave et douce à travers les pays et les révoltes. Comme toujours, ici il montre avec habileté les bêtises d’un monde devenu fou, d’un monde qui promettait que de la défense des intérêts particuliers découlerait le bien commun. Une économie financière dont on attend toujours qu’elle tienne ses promesses d’autorégulation et de rêve général. Il ya toujours cet amour pour les sonorités venues d’Amérique latine, toujours cet accordéon triste qui vient vous rappeler la douleur d’être pour toujours en bas de l’échelle. Lavilliers a toujours cet amour de la littérature, en témoigne cette lecture de vingt-six minutes de Blaise Cendrars en clôture d’un formidable album juste dans ces constats et fort dans ses révoltes. On évitera juste d’écouter cette lecture en conduisant, c’est très bon mais n’aide pas à se concentrer sur la route.
Lavilliers est toujours là, présent pour ceux qui ont besoin d’une voix autre que celle d’une grande blonde haineuse. Il reste debout, prêt à rendre coup pour coup et sans concession à ne jamais courber l’échine. Cette voix si chaude et rassurante ne vieillit pas et porte une fois de plus le combat hors des frontières ligériennes mais n’oubliez pas, ce sera toujours à Saint-Etienne qu’un concert de Lavilliers sera le meilleur, car malgré la rigueur du climat et de la ville le cœur des Stéphanois est comme celui de Lavilliers, sincère et fort.
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