Tout Stéphanois qui se respecte, qu’il le soit d’origine, de cœur ou d’adoption, se doit d’écouter tout nouvel album de Lavilliers tant l’homme et l’artiste sont respectés dans l’ancienne cité minière, tant l’homme est l’artiste ont toujours été sincères, jamais frimeurs et constamment au combat. Cet homme est un symbole et une référence pour une ville et un département qui n’ont jamais cessé de relever la tête à chaque fois que l’économie de marché tentait de les noyer. Il est aujourd’hui un messager, un émissaire des plus modestes qui aimeraient qu’un jour on les traite comme des êtres humains.

Heureusement pour eux Lavilliers ne fait pas son âge. Toujours costaud avec des bras comme des cuisses de rouleuse de Havanes, bardé de tatouages comme tout boxeur qui se respecte, il traine sa voix grave et douce à travers les pays et les révoltes. Comme toujours, ici il montre avec habileté les bêtises d’un monde devenu fou, d’un monde qui promettait que de la défense des intérêts particuliers découlerait le bien commun. Une économie financière dont on attend toujours qu’elle tienne ses promesses d’autorégulation et de rêve général. Il ya toujours cet amour pour les sonorités venues d’Amérique latine, toujours cet accordéon triste qui vient vous rappeler la douleur d’être pour toujours en bas de l’échelle. Lavilliers a toujours cet amour de la littérature, en témoigne cette lecture de vingt-six minutes de Blaise Cendrars en clôture d’un formidable album juste dans ces constats et fort dans ses révoltes. On évitera juste d’écouter cette lecture en conduisant, c’est très bon mais n’aide pas à se concentrer sur la route.

Lavilliers est toujours là, présent pour ceux qui ont besoin d’une voix autre que celle d’une grande blonde haineuse. Il reste debout, prêt à rendre coup pour coup et sans concession à ne jamais courber l’échine. Cette voix si chaude et rassurante ne vieillit pas et porte une fois de plus le combat hors des frontières ligériennes mais n’oubliez pas, ce sera toujours à Saint-Etienne qu’un concert de Lavilliers sera le meilleur, car malgré la rigueur du climat et de la ville le cœur des Stéphanois est comme celui de Lavilliers, sincère et fort.
Jambalaya
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 14 déc. 2013

Critique lue 335 fois

11 j'aime

6 commentaires

Jambalaya

Écrit par

Critique lue 335 fois

11
6

D'autres avis sur Baron Samedi

Baron Samedi
Primavera
10

Un 20éme album tout en subtilité!

"Grand squelette de phosphore, la terre tremble sur le port..." Bienvenue en Haïti! C'est bien cette île qui a inspiré le fil conducteur de l'album avec son "Baron samedi", figure majeure du culte...

le 5 févr. 2014

6 j'aime

1

Baron Samedi
Simoz
8

Voix de fer, voix de velours

Lavilliers, les combats, les luttes, les dénonciations, les chansons douces, la misère, la vie qui continue malgré tout. Les mots aux détours des voyages et des rencontres. Les mélodies et leurs...

le 22 déc. 2013

4 j'aime

1

Baron Samedi
AmarokMag
8

Passeur

Pour son vingtième album, Bernard Lavilliers nous invite au festin récapitulatif d’une musique qu’il nous sert depuis 40 ans et dont on ne se lasse toujours pas. Surtout quand il a cette saveur. Pour...

le 30 mars 2014

1 j'aime

Du même critique

Le Monde de Charlie
Jambalaya
10

Charlie's Angel

Voici une œuvre miraculeuse, d’une justesse dans les sentiments et les émotions adolescentes qui m’a ramené vingt-cinq ans en arrière. A cette époque, se trouver une identité revenait à les essayer...

le 5 janv. 2014

156 j'aime

26

The Truman Show
Jambalaya
9

Quand la vie de Truman capote...

The Truman Show, un film touché par la grâce, de son réalisateur Peter Weir d'abord, qui a rarement été autant au sommet de son talent depuis, de Jim Carrey ensuite, qui a fait taire avec ce film,...

le 10 déc. 2013

155 j'aime

17

True Detective
Jambalaya
9

Les Enfants Du Marais

True Detective est un générique, probablement le plus stupéfiant qu’il m’a été donné d’admirer. Stupéfiant par les images qu’il égraine patiemment, images d’une beauté graphique rare, images sombres...

le 12 mars 2014

153 j'aime

15