Il fallait de la volonté (et de l'espoir) pour écouter ce Battle For The Sun sans a priori après un Meds quasi désastreux ! Et bien que le rôle de Steve Hewitt était considérablement diminué depuis Sleeping With Ghosts, son départ ne fit qu'accentuer les doutes quant à l'avenir artistique de Placebo. Et l'avenir nous a donné raison.
Pourtant, et bien qu'il n'arrive pas à la cheville de Placebo ou Without You I'm Nothing, Battle For The Sun réussit le maigre pari de séduire sur la longueur, en dépit de défauts majeurs.
Donc, par clémence, on s'attardera plus sur les qualités, les errements du groupe ayant déjà été étalés sur le précédent opus.
Paradoxalement, le premier atout de ce nouvel album est certainement son manque d'ambition: car cela nous épargne d'emblée les envolées lyriques grossières et les ballades anémiques dont regorgeait Meds. Ainsi, si Molko et Olsdal cèdent encore de temps à autre à leurs démons ("Julien", "Happy You're Gone", le final de "Battle For The Sun" et leurs cordes pompières, le piano froid et mécanique de "Speak In Tongues"), on leur sais gré de revenir à ce qu'il savent faire le mieux, à savoir des pop songs bourrines.
Alors bien sûr, il y a dix ans, le son était neuf, ça sentait les tripes et le mal être, et aujourd'hui ce n'est que peau de chagrin. Mais tout de même, quand il s'agit d'envoyer gras et puis c'est tout, le duo d'origine garde une certaine pêche, et surtout de l'efficacité ("Kitty Litter", "Ashtray Heart", "For What It's Worse", "The Never-ending Why", "Breathe Underwater").
Le second atout du " nouveau " Placebo, ce sont ces choeurs qui émaillent le disque d'un bout à l'autre (le final de "Speak In Tongues" en tête). Cela renforce intelligemment la face pop du groupe, désormais dévoilée (exhibée?) au grand jour. Saluons également l'apparition opportune de quelques cuivres concis ("For What It's Worse", "Kings Of Medecine", notamment), largement préférables à toutes les dérives symphoniques précitées.
Bon, évidemment, au final tout ça ne pèse pas bien lourd. Ca n'a aucune âme, c'est prévisible, dénué de toute finesse mélodique, et ça s'oublie presque aussi vite que ça s'écoute. Mais pour peu qu'on soit pas trop regardant, on trouve son compte de chansons colorées et qui bastonnent.
Bref, on est loin d'une renaissance (on sait que celle-ci ne viendra plus, en tout cas pas sous ce nom), mais dans le genre rock FM qui s'assume, ça se laisse écouter.
Placebo aurait pu s'arrêter là sans trop se taper la honte. Ils ont choisi de continuer.