Nous avons ici affaire à une révélation du violon de ces dernières années et même si techniquement en dessous des Hahn, Kavakos et autres virtuoses monstrueux qui peuplent le paysage classique (que j'apprécie), Kopatchinskaja nous offre une grande interprétation de la sonate Kreutzer, brillamment tempétueuse comme trop peu ose le faire avec Beethoven qui pourtant le mériterait bien. Elle n'hésite pas à sacrifier la propreté qui caractérise ce siècle parfois un peu insipide pour apporter sa fougue, quitte à zapper quelques notes. La musique s'en sort grandie. L'alchimie marche presque aussi bien avec les danses roumaines de Bartók dans lesquelles certains grincement un peu gênants tout de même sont mille fois compensés par l'archet virevoltant de Patricia qui ne peut pas laisser indifférent.
Les compositions de Say sont au premier abord assez déroutantes mais non moins intéressante et son interprétation est aussi vibrante que celle de sa comparse, extrêmement subtil dans les nuances et pour moi qui ai tendance à vite oublier le pianiste quand j'écoute du violon, je dois admettre que j'ai été séduit. Et l'entente entre les deux est parfaite, on sent qu'ils se connaissent bien.
Si vous aimez les interprétations plus novatrices que les habituelles représentations du conservatoires, tentez le coup. Personnellement, j'étais assez sceptique quand j'ai vu ce que la violoniste a infligé à la cadence du concerto de Beethoven, mais ce cd m'a bien fait changer d'avis. Pour les quelques trois lecteurs potentiels de cette critique qui seraient encore hésitants, je joins ce petit lien youtube sur l'interprétation live de la sonate : https://www.youtube.com/watch?v=OF9fneQ50Us.