Voilà bien longtemps qu'un album de Neil ne m'avait séduit par sa charge émotionnelle, sa cohérence thématique implacable, ses braises rougeoyantes au travers de feux brûlants. Quelque chose d'intemporel, de puissant et de fragile se dégage de l'écoute musicale ininterrompue. Avec “I AM The Ocean“ on est emporté par la vague de la simplicité douloureuse car si Neil tombe de fatigue dans le lit, on ne se fatigue pas de cette voix à vif qui vieillit si bien. Oui le “Homefires” brûle encore et il le tient bien allumé et si il s'est “Brûlé” à sa propre flamme et que ses oreilles ne peuvent plus entendre il n'y aucune raison de fuir cette douleur malgré la confusion! Qui a chanté aussi bien être aussi brûlé avec les deux pieds sur terre? Et c'est le temps, après la descente aux enfers, “d'être sur le chemin du retour à la maison” car dans ce jeu étrange du changement , l'amour a une chance de voir au travers de l'amoureux et de l'artiste. Dans cette route vers l'essentiel oui on peut voir Neil et le sentir. On entre dans sa chambre privée et “ si on a de l'amour” pour l'artiste il est temps de sortir les grandes orgues et l'harmonica, on vit comme un satellite autour de la musique et on plonge car les mots sont simples, habilement trouvés, on fait partie de la galaxie d'espérance qu'est l'amour et que Neil chante avec ses 80 balais (ou presque). L'essentiel est là, si on a l'amour...le piano chante....Comme si on allait au Paradis et on revenait sur terre, emportant avec soi un “rêve qui peut durer” oui comme si on était au paradis et revenait chaque jour pour voir les misères de la rue ou les pavés en or, servis encore une fois par ce petit instrument si fragile qui est au centre des émotions...Je ne vois personne d'autre utilisant l'harmonica de façon si prenante dans le monde du rock et cela si souvent.....Courage demain tu verras les choses qui ne viennent jamais, les plumes qui tombent tout autour de toi , c'est fini et “les oiseaux” tourbillonnent dans la douleur , s'envolant loin sans toi....Montrez-moi la route où aller...oiseaux....Quand “Mon coeur“ lâche je dois bien aller quelque part, le ciel est si immense, ce n'est pas trop tard, gardons espoir...Quand les rêves s'écroulent comme arbres abattus, je ne sais pas ce que l'amour peut faire, quand la vie est suspendue dans la brise....quelque part quelqu'un a un rêve qui se réalise....alors à cette pensée les souvenirs s'enchaînent et “quand je te tiens dans mes bras” c'est une bouffée d'air frais. Il faut s'accrocher à quelque chose dans cette vie...oui les vieilles générations ont quelque chose à dire mais ils sont mieux de le dire vite, tous ses gangsters avec leurs crimes , ils enjolivent si bien les choses et ils feront sauter cette planète comme un vieux quartier.... si seulement j'avais un coeur..., il faut s'accrocher à quelqu'un dans cette vie...et quand je te tiens dans mes bras, j'oublie l'extérieur...Dans cette chanson si révélatrice, Neil en dit beaucoup et résume ses contradictions et ses espoirs désespérés...Immense....Et alors il faut voir plus grand que soi , dépassé sa douleur pour se tourner vers “La Mère Terre”. Dernier espoir, cette mère trahie par les hommes de pouvoir qui la tienne dans leurs mains changeantes...c'est tout ce qui nous reste à respecter et nous l'échangeons contre les jours de nos enfants...Il est temps de revenir à la réalité ,à “Monsieur Âme” oui gluons nous ensemble pendant que le clown malade sort le tour du désastre...Parce que la course dans ma tête et sur ma face bouge trop vite...Le dépouillement du morceau est total, Neil va direct à l'essentiel, à l'âme de la chanson et on en est pétrifié....On ne pourrait survivre à autant d'intensité...“Vient un temps” où tout dérive , où on s'installe, vient une lumière, les sentiments s'élèvent et si tout ce monde continue de tourbillonner, vient un temps...ici fort à propos pour détendre le coeur et l'âme qui brûlent tout au long de cette écoute sans fin et qui fait surgir dans les méandres de ma vie tous les thèmes, toutes les douleurs et toutes les lumières que Neil a si bien chantée. Oeuvre magistrale du vieil homme qui enchaîne ici dans une dynamique implacable les thèmes de sa vie qui se font écho, se répandent et se répondent grâce à cette voix brisée par les années , mais toujours aussi merveilleuse, révélant l'essentiel de la vie....et à la fin que vous soyez furieux, ou que vous soyez “désamarré” ou que le vent souffle sur la scène du crime et que le présentateur télé parle trop rapidement, pendant que tu parles quand tu pourrais donner...et que la pluie vole le soleil n'oublie pas qu'il y a un secret dans chaque histoire et c'est la façon dont nous nous souvenons de l'amour qui est important.... alors il est temps pour l'ultime constat ” N'oublie jamais l'amour”