C’est quoi ce beat disco, fusion en-même-temps, qu’on n’arrive pas à le situer vraiment ? Y’a pas a dire, dès l’entrée en matière, c’est du lourd. Dansant, ça c’est sûr, mais on ne rigole pas. C’est remplit de petits éclairs géniaux en forme d’ondes, de batteries, de polyrythmies, de discrètes percussions. Avec un chanteur qui fait un peu crooner, « disco ». J’aime cette basse(s) qui tutoie(nt) les dancefloors par sa franche simplicité. Cette boucle qui se révèle complexe, et qui n’a pas de fin, pour danser jusqu’au bout…de la nuit. Lourd. Presque trop court le morceau.
Back Water. Tube pop underground. Sérieux et amusant. Un tube très « opéra rock » repenti. On jurerait qu’il a été écrit pour Bowie. C’est très bowinien, ce côté poseur, impassible, qui marche plus qu’il ne danse sur le groove, sans jamais se presser, ni perdre le groove justement. Et c’est (trop) court comme ça remue, on en voudrait plus.
Here He Comes. Et on n’est pas au bout de nos surprises. Kurt’s Rejoinder. Danse. Les machines dansent, entrent les synthés en transe. Tout le monde s’amuse. Le chanteur est relégué à l’arrière, il donne la réplique, s’efface devant les lignes de codes, superposées, par pile, avec science, of course. Presque trop court….
C’est curieux les morceaux sont imbriqués les uns dans les autres, comme en un seul objet. C’est un concept-album, donc. C’est ça, c’est un concept, ce truc. Lourd. Every Fools The Magician.
Tous les morceaux s’entremêlent, s’en en avoir l’air. Et le gars qui a écrit tout ça, on sent qu’il connaît la musique. Le jeu de questions réponses, entre la voix humaine, et les lignes de synthés trop bien calculées. On jurerait qu’il met de la poésie dans ses calculs, et ses partitions. Et ça s’étire à l’infini, entre variété des thèmes, et punk assagi. Kings Lead That. C’est plus qu’un simple disque de (New Wave) dont il est l’un des inventeurs. Eno. Beaucoup le considèent comme une légende. Moi, c’est mon premier Eno.
Brian Eno il nous dit quelque chose de nous, et de notre société (moderne). Il dit quelque chose qui peu avoir du mal à passer. Pas de sourire inutile, pas de séduction facile. Du travail millimétrique, au service d’un projet ambitieux. De la pop qui s’écoute avec la tête et les tripes, et la tête. Une richesse inhabituelle des timbres, une stéréophonie étudiée qui nous installe un espace clos et froid; adieu l’ambiance festive de boîte de nuit. Et pour bien marquer le coup il évacue carrément la batterie ( !) Ce qui est rare dans ce style de musique, pop.
Et les ballades se suivent, de plus en plus figées dans de la glace, sans fard, sans rouge à lèvres, nues. Fragiles comme du Crystal. Attention !! Ceci n’est pas un album à écouter si on fait une grosse dépression, ça va pas aider. Plus on avance, plus ça déprime. Et comme par hasard, plus les morceaux seront longs. Après la science, il y a la désillusion, la chute, puis la dépression. Et ça donne :
Julie with… Magique. Ballade, mélancolique à souhait, entre chant et orgue. Et ce solo de guitare électrique saupoudré de voix robotiques. C’est froid mais ça vit. Miam ! Après le début faussement disco, l’album devient de plus en plus « mutique », impénétrable. Formellement on dirait du verre, vous êtes prévenus. Et ça donne :
By The River
Magnifique ballade, mélancolique à souhait, entre synthèse vocale, claviers vintages. Quel son, surtout. Qu’elle originalité dans le son.
« You talk to me, as if from a distance, and I reply with impressions chosen from another time, time, time from another time». C’est comme si la face B était en un seul et même mouvement. C’est l’hyper moderne solitude, à n’en pas douter ; se sera tout le temps comme ça. Même à deux voix, on n’en sortira pas. Tristesse.
Brain Eno semble s’intéresser au destin plus qu’à la chanson, qui n’est non pas comme une histoire à raconter, mais bien comme un modèle à explorer sous toutes les coutures. Un compositeur qui veut devenir machine, dans un monde dépassé par la reproduction technique. Il explore avec talent les ressources de toutes ces nouvelles petites bêtes, et semble déjà désabusé, malgré la beauté des mélodies. On sent comme une perte irrémédiable. Bientôt, c’est-à-dire dans 42 ans, c’est-à-dire dans pas longtemps, donc aujourd’hui, il n’y aura plus que des machines; autant se faire une raison. Je confirme. Aujourd’hui, il ne reste plus que des machines. Je pense, donc je suis une machine. Logiciels, plug-in, podcast par ci, par là, fichiers mp5, bidules, trucs. Et sa majesté l’Autotune, la dernière mode. After science. Through Hollow Land.
Des claviers distribuent le thème à plusieurs voix, et sur plusieurs étages. Un instrumental génial Through Hollow Land. Intersidéral comme le son de cet album. Incontestablement lourd. Et [sourd] aussi, sans aucune émotion. Inutile. Un peu comme dans une machine. La partie vocale est assurée par un homme bionique, ou un séquenceur qui a un animal dans la gorge ; dans les deux cas, ça donne un son assez BIZARRE. L’homme est avalé par sa création. Here it comes. After science. L’hyper modernité, avec un sentiment de perte de soi, mal à l’aise. Pas de salut ici. Avant, et après la science, on ne peut plus dire qu’on ne savait pas. Les notes de la guitare tombent, sûres d’elles mêmes et impassibles. Et l’orgue miaule, sombre. Mais c’est franchement bien écrit, rien à dire. Et les arrangements qui sont tellement aériens et fouillés. C’est le bon. Ils ont dû se casser la tête sur ces arrangements là. Lourd.
Spider and I
Nous voilà en immersion totale dans le monde synthétique. Cet album c’est un peu comme une toile d’araignée. Une fois qu’on se laisse prendre dedans, on reste collé, et on se fait avaler par une arachnoïde. Comme la toile, les morceaux semblent fragiles, mais elles collent dans ta tête comme la glue. Jamais de la facilité. Toujours une mélodie ciselée, elle est, et reste dépressive. Cet un album difficile d’accès, j’avoue. J’ai faillit passer à côté. Je l’ai trouvé extrêmement triste et mélancolique à la première écoute. Et pour cause, il l’est. Je ne comprenais pas pourquoi. Mais je comprends mieux.
Il révèle et dépeint quelque chose de profond, et de salutaire. Un questionnement, plus qu’une réponse. Mon premier Eno. Before And After Science. À écouter pour upgrader sa culture musicale d’urgence. C’est le genre d’albums à mettre dans sa collection pour faire le malin; et à chaque écoute, on découvrira de nouvelles facettes, de nouvelles touches, des petits éclats de diamant. Et ce n’est pas finit.
Elle revient…
La batterie retourne sur scène énergiquement. Elle revient…La basse se fait virtuose comme si Jaco Pastorius était passé par là. La guitare électrique (?) ou le synthétiseur, éclate comme un coup de lumière, elle devient à une fusée hendrixiènne, rageuse. Wow…
C’est quoi cet album ? Superbe ce morceau. Un thème, simple tel un direct au menton, obsédant comme une drogue dure. J’en veux….
La vie reprend ses droits
Et c’est pas finit…