Ah ... la belle Stevie Nicks. Née Stephanie Nicks le 26 mai 1948 à Phoenix, Arizona, cette femme a marqué la fin des seventies par son style particulier, bohème, un peu sorcière, mystique. C'est clairement une de mes chanteuses préférées, tant en solo qu'avec Fleetwood Mac... Car oui, c'est aussi à elle qu'on a tendance à penser quand on parle de ce groupe à la carrière mouvementée.


Mais on ne va pas parler du Mac aujourd'hui, seulement de Stevie, et plus précisément de son premier opus solo, Bella Donna, sorti en 1981 chez Modern Records, écrin classique de rock californien plus intéressant qu'il n'en a l'air, mais un peu de contexte d'abord !


Stevie, après un premier album en duo avec son compagnon d'alors, le guitariste Lindsey Buckimgham, Buckingham Nicks (Dieu que c'est original) en 1973 et des années de galère, enchaînant des petits boulots de serveuse, d'assistante dentaire ou de femme de ménage, intègre Fleetwood Mac avec Lindsey en 1975. Le groupe s'est retrouvé en difficulté après le départ du guitariste Bob Welch, et est ravi d'en accueillir un nouveau aussi talentueux que Buckingham, garant d'un nouveau son plus ensoleillé et californien. Sa seule condition a été que Stevie intègre le groupe à ses côtés, formant tous deux un "duo créatif" selon ses propres dires.


Ils se sont rencontrés pendant leurs études, se sont mis ensemble, et ont joué ensemble dans un groupe, Fritz, vers 1968. Cependant leur couple n'était pas en forme à leur arrivée au sein de Fleetwood Mac.


Les deux premiers albums avec le Mac sont de réels succès, Fleetwood Mac en 1975 et surtout Rumours en 1977, et les contributions de Stevie sont toujours classées dans les meilleurs titres (on pense notamment à "Rhiannon" en 1975 ou à "Dreams" en 1977). Pendant l'enregistrement de Rumours, elle se sépare de Buckingham. Celui-ci le vit très mal, et cela se ressent dans ses chansons, radicalement différentes, sur Tusk, le gargantuesque double album post Rumours, sorti en 1979.


Pendant l'enregistrement de celui-ci, Stevie travaille sur des chansons, qu'elle destine à elle seule. En effet, tout le monde est épuisé suite à l'enregistrement de Tusk, et tous ont quelques ambitions solos. Elle enregistre d'autres démos pendant la tournée Tusk, et se met à travailler avec un groupe complet de musiciens, dont Davey Johnstone, guitariste de toujours d'Elton John, s'occupant de la rythmique. Stevie chante, naturellement, et joue un peu de claviers.


Le disque est un grand succès, notamment via ses différents singles, "Stop Draggin' My Heart Around", "Leather And Lace" ou "Edge Of Seventeen". Stevie le défendra un peu sur scène, seule, puis s'en ira rejoindre le Mac en France pour l'enregistrement de Mirage.


Stevie ne s'éloigne pas du style qui a fait sa renommée. Tout l'album baigne dans une ambiance mélancolique mystérieuse, pleines de bougies et de soieries en tous genres. Nicks y chante très bien, mais on regrettera tout de même ses quelques excès de cocaïne, parfois audibles.


La ballade "Bella Donna" entame le bal, très belle chanson, pur écrin de rock californien. Rien que l'introduction, cette basse montante, ce piano détendu, cette guitare s'installant progressivement, cette rengaine poétique, "come in, out of the darkness" que l'on peut retrouver au verso de la pochette, tous ces éléments font de "Bella Donna" un réel bijou!


Suit "Kind Of Woman", toujours cette ambiance un peu mystérieuse. Stevie la sorcière nous parle de la femme idéale, c'est très réussi, encore.


"Stop Draggin' My Heart Around" est le grand succès de cet album, co-crédité avec Tom Petty & les Heartbreakers, c'est plus brutal que les pistes précédentes, mais vraiment sympathique. l'intervention de M. Petty est appréciée, cela donne une autre ambiance à cette chanson. Seul point négatif, le mix de la batterie, mais sinon super.


"Think About It" est plus mineure, co-crédité avec Roy Bittan, touche-à-tout-le-monde (on ne compte plus ses participations aux disques d'autres artistes) du E-Street Band de Bruce Springsteen. C'est plus commun, et la voix de Stevie sonne un peu monocorde;


La face A s'achève sur une ballade un peu mollassonne qui sera pourtant un autre succès, "After The Glitter Fades". Un peu countrysante, elle est un peu répétitive, ce n'est pas le style habituel de Stevie, elle s'essaie à autre chose, c'est à saluer.


Un réel classique de Nicks ouvre la face B, "Edge Of Seventeen", hymne rebelle qu'elle a interprété lors de son introduction au Rock'N'Roll Hall Of Fame, elle est d'ailleurs la seule femme à y être incluse deux fois, en tant qu'artiste solo et en tant que membre de Fleetwood Mac.


Suit "How Still My Love", magnifique, tout en basse et guitare aérienne. C'est, je crois, ma préférée de l'album. C'est une des premières qu'elle ait élaboré pour ce qui deviendra Bella Donna.


"Leather And Lace" est un duo avec Don Henley des Eagles, avec lequel Stevie avait une liaison. Autre gros succès, c'est cependant moins intéressant que la piste précédente. Mou et mielleux, et puis la voix de Don Henley ... Bof Bof .


"Outside The Rain" remonte le niveau, c'est la deuxième collaboration avec les Heartsbreakers et Tom Petty. Comme "Stop Draggin' My Heart Around", c'est agréable, plus musclé. A noter que c'est Stevie qui s'occupe du piano ici.


L'album se termine par "The Highwayman", autre ballade un peu molle, agréable mais certainement pas marquante.


Stevie Nicks signe donc un album en demi-teinte, mi-figue mi-raisin, où merveille ("How Still My Love") côtoie médiocrité ("After The Glitter Fades"). On pourrait regretter qu'elle n'ait pas chanté ces duos avec Lindsey Buckingham ou Christine McVie, ou qu'elle n'ait pas carrément offert les perles de ce disque à Fleetwood Mac, qui les aurait sans aucun doute sublimé. Mais bon, l'Histoire est faite.


Reste Bella Donna, disque intéressant, classique et marquant sous certains aspects, ne quittant pas trop la zone de confort de Stevie Nicks. Bref, ce n'est pas surprenant et ce n'est pas décevant non plus.


Elle rempilera deux ans plus tard avec The Wild Heart, une brillante carrière solo est lancée.

lyons_pride_
7
Écrit par

Créée

le 5 janv. 2022

Critique lue 123 fois

2 j'aime

lyons_pride_

Écrit par

Critique lue 123 fois

2

D'autres avis sur Bella Donna (Deluxe Edition) [2016 Remaster]

Du même critique

Station to Station
lyons_pride_
10

Throwing darts in lover's eyes

53 kilos, régime à la coke, aux poivrons et au lait, croyant voir des fantômes venus de la part des Rolling Stones dans sa grande villa de L.A., voilà à quoi ressemble le David Bowie de 1975...

le 13 déc. 2021

6 j'aime

2

Tout va sauter
lyons_pride_
9

Nos Allures Sages

Couple culte et pourtant méconnu, Elli & Jacno représentent un des sommets de la nouvelle pop française. Icônes de classe, reconnus par bien de nos contemporains (comment ne pas citer ce cher...

le 27 déc. 2022

5 j'aime

Odyssée (EP)
lyons_pride_
10

L'Exubérance Impériale

L'Impératrice est une formation assez fascinante, une des plus originales de la scène pop actuelle en France. J'ai déjà chroniqué leur deux albums, Matahari et TakoTsubo, mais il ne faut pas oublier...

le 16 juin 2022

5 j'aime