En 1981,
le groupe Yellow Magic Orchestra (abrégé YMO) ressort d'une grande tournée mondiale qui s'est déroulée tout au long de l'année 1980. Cette tournée s'est terminée en apothéose lors du concert au Budokan de Tokyo, l'un des meilleurs concert de toute l'histoire du groupe.
Les membres de YMO (Ryuichi Sakamoto, Haruomi "Harry" Hosono et Yukihiro Takahashi) se concentrent dès la fin d'année 1980 sur un nouveau disque. Entretemps, chaque membre est allé faire grandir son projet solo : B-2 Unit et Left Handed Dream pour Sakamoto, Murdered by Music et Neuromantic pour Takahashi et Philarmony pour Hosono.
Le nouvel album sera électro ou ne sera pas. Avec l'arrivée de la TR808 de Roland sur le marché japonais fin 1980 (elle sera déjà utilisée lors du concert final cité plus haut), le groupe peut s'atteler à mêler batterie classique et rythmes synthétiques. YMO peut alors se lancer dans le processus d'écriture qui aboutira sur BGM. Le label Alfa venait d'investir dans un enregistreur numérique 32 pistes nommé "3M". Les membres du groupes et plus particulièrement Hosono trouvaient que cet enregistreur ne restituait pas parfaitement les sons. Les pistes rythmiques furent enregistrés avec un Tascam classique avant d'être réenregistrée dans le 3M, résultant en des rythmiques aux sons compressés. Aujourd'hui, le 3M n'existe plus (ou du moins ne fonctionne plus), ce qui empêche de pouvoir rejouer les master tapes.
L'album brasse à peu près tout les styles de musique électro et participe activement a la création du genre technopop, qui vient de connaitre alors le chamboulement Computer World de la part des robots en chemise rouge de Düsseldorf.
Sur BGM, on passe du romantisme froid et synthétique avec "Ballet", "Music Plans" ou "Cue" aux morceaux nettement plus expérimentaux tels que "Happy End" ou "Loom" (qui présente un long glissando digne du jingle THX). Le reste de l'album est moins original mais sonne toujours aussi novateur grâce aux arrangements de synthés mêlés dans les traitements analogiques et synthétiques. Parmi ces morceaux, on retrouve "U.T" (qui sonne un peu comme un générique de JT), "Mass" et "Camouflage". En guise de bonus, Sakamoto nous gratifie d'une nouvelle version de son classique "1000 Knives", pleine de TR808 et de solos de synthés distordus. Le seul morceau vraiment bizarre sur cet album est "Rap Phenomena", qui d'une certaine manière sonne assez faux. Imaginez un morceau pleins d'arrangement étranges et une voix japonaise vocoderisée en train de "rapper".
Au final, c'est l'album de la maturité pour YMO, qui passe du synthé ultracheesy aux arrangements et mélodies perfectionnées et futuristes. Contrairement aux albums précédent, BGM a globalement mieux vieilli et pourrait encore sonner comme neuf aux oreilles d'un néophyte (même si quelques sons ont vieillis, je l'accorde). Dans tous les cas, cet album reste un classique de la musique électronique et continue d'inspirer des artistes allant d'Aphex Twin à Mac DeMarco (oui oui).
Pour YMO en mi-1981, l'heure n'est pas au repos et il faut déjà commencer à composer la suite qui sera encore plus synthétique et expérimentera les samples. Nom du prochain album ? Technodelic.
(chronique postée également sur Xsilence).