Melting Pot de sons.

2017, J Hus sort "Common Sense", son premier album énergique et divertissant de manière imprévisible de bout en bout. Claque UK qui définira le son du moment. Mélange de Dancehall jamaïcain, de Grime londonienne et de Rap d'Atlanta. Un tour de force vertigineux et éblouissant.

3 ans plus tard, voilà "Big Conspiracy".
J Hus est plus sage et plus modéré sur son deuxième album. C'est un projet plus arrondi, plus travaillé avec des paroles parfois introspectives. La façon dont il arrive à incorporer plusieurs genres dans un seul album est un véritable tour de force. Il bascule facilement entre mainstream et mélodique; percutant et brillant. Cela, grâce, en grande partie à Jae5, dont le travail sur "Common Sense" a également été salué à juste titre, il est aussi accompagné de Levi Lennox, iO et TobiShyBoy.

Alors que "Common Sense" se sentait festif mais quelque peu dispersé, sur "Big Conspiracy", Hus semble plus sûr de lui dans sa direction musicale.
C'est clair dès le début, car la chanson titre montre exactement comment J Hus est devenu un phénomène dans la musique britannique. La production est magnifique, utilisant des instruments "live" qui soulèvent toute la piste et permettent au crochet infectieux de Hus de briller. La mystérieuse «iceè tgm», selon la rumeur, semble être la sœur de J Hus, figure sur les deux premiers morceaux et est peut-être l'élément le plus marquant du projet. Ses voix s'entremêlent avec Hus pour créer un contrepoids parfait pour sa prestation graveleuse, en particulier sur l'hypnotique "Helicopter".

Les featurings sont assez rare mais nous avons quand même droit à deux performances incroyables de Burna Boy et Koffee. L'apparition du premier sur "Play Play" fournit le grand titre pop du disque, bien que les métaphores sur les guns et le sexe soient un peu trop omniprésents à mon goût.
Koffee, reine du dancehall en 2020, s'illustre dans un couplet bref mais émouvant sur "Repeat", facilement l'un des moments forts de l'album.
Ella Mai, elle aussi, charme sur la ballade "One and Only".
Le dernier tiers de l'album prend une tournure plus sombre et plus introspective, avec le rythme Drill du premier single "No Denying" fournissant une toile de fond menaçante pour Hus. Les derniers morceaux sont Hus à son plus auto-analytique, en particulier sur le morceau final "Deeper Than Rap". La belle instrumentale au piano devient de plus en plus cinématographique alors que Hus nous donne un aperçu intime de son état d'esprit.

"Big Conspiracy" est un album qui certifie J Hus comme l'un des artistes les plus influents de la musique britannique. Avec l'expansion et la croissance de cette musique au cours de la dernière décennie, de nombreuses personnes ont tenté de définir ce qu'est exactement le rap britannique ou la musique «underground». La vérité est que c'est complètement indéfinissable - c'est de la Grime, de l'Afrobeat, de la Soul, d'la Drill, du Dancehall, du Hip-hop, R&B, garage, jungle - c'est tous, et aucun d'entre eux.
J Hus incarne ce melting pot de sons, et avec "Big Conspiracy", livre un album qui se joint à des albums comme "African Giant" de Burna Boy ou "Diaspora" de Goldlink , ces albums qui trouvent des liens avec la "Black Music" dans le monde entier.
Merci pour ça J Hus.

7,5/10