Big Inner par Eric BBYoda
A l'origine de ce "Big Inner" (Beginner ? Ha Ha Ha ?), il y a une idée intéressante, même si elle a déjà été amplement exploitée par Lambchop - avec les brillants résultats qu'on sait : appliquer à une musique des plus "classiques" - ici la soul, Motown, Stax, le gospel même - un traitement "post-moderne", indie pop comme on dit aussi - à base d'indolence, de non dits, d'effacement des affects. Le dépouillement extrême - voix qui chantonne tout bas derrière les arrangements un peu léthargiques d'un "big band" de carton-pâte qui, normalement, devrait mugir - est la manière assez maligne dont Matthew E White renouvelle les mécanismes forcément usés par l'âge de la musique black traditionnelle. Du coup, "Big Inner" surprend d'abord, intrigue ensuite, et séduit assez rapidement, malgré des limites qui sont assez évidentes : d'abord, la répétition invariable de ce principe d'étouffement du son et des sens peut provoquer une légère indifférence, et ce d'autant que les chansons sont loin d'être toutes excellentes (après une impressionnante introduction, l'album faiblit) ; plus gênant quand même, la lourdeur "chrétienne" des textes, qui, à moins qu'il ne s'agisse là de second degré (on ne sait jamais) indisposent l'auditeur athée par leur célébration continuelle - dans la droite tradition du gospel, il est vrai - de la gloire de Jesus !