Acte 2, scène 4 : Money, money, money !

[...] En revanche, par rapport à School's Out qui ne contenait que son éponyme fédérateur, on enfile les hits comme des perles ici. Et pour le coup, on parle de choses qui ont traversé les années et amènent encore et inlassablement de merveilleuses tranches de concerts à l'heure actuelle. Jugez plutôt : outre l'éponyme « Billion Dollar Babies » (les jeunes n'ayant jamais entendu la version studio originelle s'étonneront sans doute de la dualité voix claire/voix nasillarde qui s'enchevêtrent continuellement de très belle manière) où 'sieur Furnier s'amuse toujours à nous balancer ses nuages de biffetons dans la poire sur scène, on voit également dans la tracklist l'indécrottable « No More Mr. Nice Guy » au refrain aussi fédérateur que guilleret, « Elected » qui représente sûrement le passage le plus foufou de tout l'album ou encore la ballade « I Love The Dead » aussi excellente qu'à prendre au second degré dans ses orchestration surjouées et guignolesques (imaginez Furnier avec son petit crâne à nous clamer tout ça à la Shakespeare). Et bien entendu, on n'oubliera pas le non moins fameux « Generation Landslide » (na-na-na na-na !), bluesy en diable avec sa guitare slide et son harmonica de l'amour. Aussi efficace que révélateur du niveau technique au ras des pâquerettes de ses géniteurs qui se prennent de plein fouet à cette époque les plus mauvais travers de leur alcoolisme. De la technique en berne que l'on retrouve plus ou moins partout sur Billion Dollar Babies et donne ce caractère hyper accessible, calibré radio en diable.


La limite dépréciative du « trop facile » est même parfois très proche sans qu'on ne s'aligne de ce mauvais côté de la balance pour autant (« Raped And Freezin' », « Hello Hooray »). Tandis qu'un « Sick Things » qui aura toujours été injustement laissé pour compte – c'est qu'encore aujourd'hui, il pourrait connaître de belles heures de gloire en concert – par son côté théâtralo-grandiose fait remonter tous les suffrages : le groupe ne s'est pas complètement soudoyé dans la manœuvre et n'en oublie pas ses influences les plus cinétiques entre deux faiblesses éthyliques où les manettes semblent laissées au producteur au détriment des ambitions purement artistiques. Autant dire, Billion Dollar Babies a beau puer le fric à plein nez, on reste encore dans le grisant sans jamais tomber dans le verdâtre. Les limites ont été frôlées sans qu'elles n'aient toutefois été dépassées. Et au vu de ce qu'il en reste aujourd'hui – une pléiade de hits qui mettent encore bien le feu sur les planches et la mention non négligeable d'être l'album issu de l'ère Alice Cooper Band le plus (re)connu – la manœuvre n'était peut-être pas aussi malhabile qu'elle pourrait paraître...


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Margoth
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le 21 janv. 2019

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