Ce n’est pas le choix le plus audacieux de l’année. C’est la meilleure chose que Marvel pouvait faire : promouvoir le Black Panther de Ryan Coogler en confiant les clés d’une soundtrack inspirée à Kendrick Lamar. Le même mec qui s’assimile à King Kunta, qui clame être l’un des plus grands de tous les temps, sans que personne ne puisse le contredire parce que, soyez honnête avec vous-même, il plane au-dessus de tout le monde depuis très longtemps.
C’est tellement bien foutu qu’au final il n’y a pas grand-chose à dire. Kendrick donne le ton, les invités suivent naturellement, les multiples producteurs parviennent à réutiliser de la meilleure façon possible les gimmicks musicaux du film (S/O à Mike Will Made It pour King’s Dead). Le résultat c’est une ambiance tribale qui peut donner envie de casser des murs avec ses poings pour le simple plaisir de rentrer dans le délire.
Black Panther, le premier morceau, synthétise à la fois l’unité musicale et le propos général de l’album : un peu de douceur, quelques notes de piano, Kendrick et son éloquence. Interruption brutale de quelques secondes. Changement d’ambiance. Les percussions prennent le relai : « Kings of the fighters, king of the fathers, king of the belated / King of the answer, king of the problem, king of the forsaken ». Le roi légitime, c’est bel et bien lui.
Progressivement, chaque membre du Black Hippy vient poser son petit couplet. Rectification : chaque membre du Black Hippy vient poser SON couplet. Jay Rock brille sur un morceau qui réunit Kendrick, Future et 2-Chainz, c’est dire à quel point ce mec manque de reconnaissance. Schoolboy Q en a rien à foutre et manque de respect à tout le monde. Ab-Soul arrive à rendre un morceau cohérent avec Andersoon .Paak, déjà l’une des combinaisons les plus improbables de l’année. Et naturellement, Kendrick Lamar marque de son sceau royal la plupart des morceaux, sans que ce soit redondant.
Zéro surprise, zéro déception, zéro faux pas : c’est tout ce qu’on pouvait espérer et même plus*. Toute cette démarche a du sens, encore plus si on considère que Black Panther est une œuvre qui dépasse le simple cadre de la pellicule. Le film porte en lui un message très fort. De la même manière (si ce n’est plus), la soundtrack synthétise toutes ces thématiques grâce à l’artiste qui a donné naissance à l’un des albums les plus politiques de la décennie : To Pimp A Butterfly.
Note :
Monarchie musicale de droit divin /10
*Nuance : c’est toujours pas l’album Black Hippy. Vous pouvez continuer à déverser du sel en quantité astronomique.
All Hail King Future
Doigt pointé vers le ciel, prières adressées pour que Future vive aussi longtemps que possible : son couplet sur King’s Dead s’achève dans ce qui est déjà le plus grand moment de bravoure de l’année. Merci. Merci pour tout.
All Hail King Schoolboy Q
Ce mec peut parler pendant des heures de ses montres, de ses caisses, faire preuve d’une arrogance qui dépasse les limites du raisonnable (« Not even Kendrick can humble me » sur X, dans le plus GRAND DES CALMES) sans jamais lasser.
All Hail Queen SZA
Sans elle, All The Stars (qui clôt d’ailleurs le film) serait resté aux oubliettes, alors que ce morceau frôle la perfection.
All Hail Queen Jorja Smith
Le pendant street de Sia (ce qui est quasiment un pléonasme) éteint tout le monde sur I Am en s’appropriant la prod lancinante de Sounwave et Kendrick. Le genre de morceau qui s’apprécie encore plus avec des substances récréatives.