The Gary Clark Jr Experience.
Le titre de cet album à la dyslexie assumée est un hommage direct au Rolling Stones, plus exactement à leur album « Black And Blue » (1976) et donc un témoignage de respect à la synthèse musicale qu'ils ont créé à la fin des années 1960's. A l'écoute du premier morceau, « Ain't Messin 'Round », il est tout à fait possible de constater que ce clin d’œil au plus célèbre groupe Londonien ne réside pas uniquement dans l'homonymie du titre du disque, mais aussi dans ce boogie – rhythm'n blues agrémenté de solos endiablés qui font clairement penser à ceux de Mick Taylor dans sa meilleure période, c'est-à-dire celle où il était capable d'un véritable tour de force, celui de réaliser des solos si flamboyants qu'ils pouvaient reléguer Keith Richards au rang rédhibitoire de simple guitariste rythmique.
Mais assez de digressions sur les Rolling Stones. Il suffit.
Ici, je parle d'un artiste complet, excellent chanteur à la voix soul douce amère (« Blak And Blu »), guitariste capable de longs solos possédés et forts, musicien avide d'expérimentations blues-psychédéliques (« When My Train Pulls In » ou ), typiques des guitaristes qui se réclament de l'église de Jimi Hendrix, utilisant de manière ingénieuse le fuzz, et jouant des riffs acérés à l'efficacité imparable dotés d'une rare énergie communicative, comme sur « Bright Lights », ou le très stonien (encore une fois) « Travis County », boogie – rock'n roll parfaitement optimiste au groove très dansant.
Le fantôme d'Hendrix est présent sur nombre de chansons, tel ce « Numb » aux phrases saturées masquant de subtiles mélodies sous de grasses couches de guitare, ou encore sur cette version de « Third Stone From The Sun », à la fois très fidèle et funky.
Il surprend l'oreille en passant par la soul la plus pure sur le très pop « Please Come Home », aux arrangements lyriques et raffinés, et plus encore sur « The Life », où sa voix est vraiment mise en avant, montrant dans le même temps qu'il est capable de toucher à tous les sous-genres de blues et styles de musiques afro-américains qui y sont inextricablement liés, mais sans cette condescendance dont certains musiciens de talent font souvent preuve, affichant ostensiblement leur dextérité à jouer de tout, et animés par des concessions clairement lucratives, faites dans le but de toucher un maximum de gens. Il n'en est jamais question ici. Il s'agit simplement d'un artiste très ouvert, empli d'humilité, influencé autant par de grands guitaristes de blues, comme Albert King, ou celui cité plus haut, que par le chant de Marvin Gaye et le son de la Motown.
Une expérience.
Et pour couronner le tout, le bonhomme est grand en live... en témoigne cette vidéo :
http://www.youtube.com/watch?v=z5LzfWDqknw