Beaucoup de bruit pour (presque) rien
Boum dou doum boum dou doum, tel est le résumé de Bleach. Dans cet album on gueule beaucoup, on fait beaucoup de bruit(s) pour pas grand chose. L'estampille Nirvana dès le début en somme. Ceci se poursuivra sur Nevermind deux ans plus tard. Je m'étais mépris sur cet album en ayant d'abord eu un avis positif. Après réécoute, je l'avais carrément surestimé. Quel fou !
Sur 11 titres qui composent la galette, un voire deux retiennent mon attention; Love Buzz et Mr. Moustache. Des morceaux qui sortent de ce lot bordélique, désordonné et assez pauvre musicalement. La palme revient sans conteste à About A Girl qui est insupportable d'adolescenterie chronico-pathétique. Une chanson agaçante par excellence, si je puis dire. Déjà quand j'avais 15 piges, elle me saoulait. Voici donc la flèche dans le talon d'Achille.
Que retenir de l'ensemble ? (à part Love Buzz) ...je cherche encore là. Pour être clair et sans passer par des détours inutiles, gagnons du temps. Bleach est certes un album surcoté, mais il est avant tout un album qui se fond dans la masse des productions banales et fades des années 80/90, sans saveur ni substance. Il vivote ça-et-là entre un noise rock poussif et démembré, et un manque criant d'originalité. Certes le premier galop de Nirvana (pour les dédouaner) mais un galop qui est un trot finalement.
Malgré les éloges qui ont pu être faites à l'égard du groupe (enfin, plutôt à l'égard de Kurt Cobain, car les autres, apparemment, n'avaient pas l'air d'exister. Alors que sur cet album, celui qui s'en sort le mieux c'est Krist Novoselic derrière sa basse), Nirvana n'aura jamais dépassé le stade de supergroupe médiatique (ce qui probablement fut la source principale de la mort de Cobain; l'hyper-célébrité et la lumière dans les media), faute de mieux. Il n'aura finalement jamais été à la hauteur de tout ce vacarme qui aura été fait à son sujet. Un espèce de "post-punk noisifiant", de l'énergie certes, mais de l'énergie mal répartie dans ses recoins. Il ne suffit pas de gueuler, autant faut-il savoir y mettre les formes. Kurt Cobain savait composer des chansons calmes mais sa voix le limitait dans ce genre d'exercice. Alors, on pousse les tables, on branche les amplis sur 10, on balance un max de disto, de fuzz, de crunch et on accorde sa gratte à l'arrache et on joue tel une bande de jeunes loups à un tremplin rock.
Des groupes comme Nirvana il en existait des centaines à l'époque, et aujourd'hui des milliers peut-être. Des groupes qui ne sortent plus trop de l'ombre car les ficelles du genre ont toutes été arrachées et usées jusqu'à la moelle. On est passé à autre chose.
S'il y a bien UN groupe à retenir de cette période "grunge" c'est ALICE IN CHAINS. Un groupe sous-évalué (Dirt et Jar of Flies qui sont deux joyaux dans la discographie du groupe) qui fera moins parler de lui mais qui offrit à la musique bien plus de profondeur, de variations dans ses compositions et de substance à ses chansons, que ne le fit son voisin Nirvana.
Nirvana n'étant au fond qu'un groupe dont tout le monde parle sans vraiment savoir pourquoi.