Le septième album de Bob Dylan ferme la marche d’une trilogie de classiques, d’œuvres majeures sorties sur quelques mois à peine avec Bringing it all Back Home et Highway 61 Revisited tous deux sortis en 1965. Celui qui n’est pas un chanteur folk a la bonne idée de garder le meilleur pour la fin puisqu’à mes yeux (ou devrais-je dire mes oreilles) Blonde on Blonde est supérieur aux deux précédemment cités (sans être pour autant mon préféré de Robert).
Dylan continue avec son projet de faire évoluer sa musique folk pour la convertir en quelque chose de plus rock, ou disons plutôt en branchant sa guitare plus souvent. Ainsi, il est retourné en studio avec plusieurs des musiciens qui ont participé aux sessions de Highway 61 Revisited en y ajoutant différents membres de The Hawks qui, selon la légende, étaient alors surnommés « The Band » par tant de monde qu’ils décidèrent d’adopter officiellement ce nom sous lequel ils sortiront quelques disques de référence dans les années qui suivirent.
D’une durée de presque 1h20 (un des premiers double-album de l’Histoire, au passage), Blonde on Blonde est assurément un chef-d’œuvre de Dylan. L’évolution, voire révolution, est palpable en particulier sur la partie instrumentale où la musique est définitivement plus sauvage qu’à l’accoutumée avec des titres comme Leopard-Skin Pill-Box Hat et son solo de guitare brutal ou encore certains passages à l’harmonica plutôt couillus. On retiendra évidemment dans ce registre Rainy Day Woman #12 & 35 et sa célèbre phrase :
« Everybody must get stoned ».
Non seulement Bob Dylan délivre son meilleur travail sur la partie rock, mais ses ballades obtiennent également de très bons résultats. Succès immédiat pour Visions of Johanna et son texte alerte malgré une durée de 7’34’’, point sur lequel je reviendrai, ou encore I Want You, titre qu’on devrait me chanter plus souvent si vous voulez mon avis.
On peut aisément avoir le sentiment que beaucoup de chansons sont trop longues. A ce titre, la face D est entièrement consacrée aux 11 minutes de Sad Eyed Lady of the Lawlands et Stuck Inside Of Mobile With The Memphis Blues Again dure également 7 bonnes minutes. Mais voilà, c’est du Dylan, et le texte est passionnant, Bob nous contant une histoire qu’on veut voir se prolonger. Effectivement, ce n’est pas la musique adéquate pour partir faire un jogging dans Paris ; en revanche, pour flâner durant un doux après-midi d’été en campagne, vous ne trouverez pas mieux.
Cette fameuse trilogie s’achève donc en 1966 avec ce qui semble être le dernier chef-d’œuvre de Bob Dylan jusqu’à son réveil éphémère en 1975 avec Blood on the Tracks. En effet, si ses deux albums qui suivirent Blonde on Blonde n’ont rien de honteux et que j’aime assez son regain d’efforts au début des années 2000, jamais plus – à l’exception de 1975, donc – Zimmerman n’égalera le niveau qu’il a atteint et maintenu tout au long des années 60. Mais tu en as fait tellement pour la musique Bob que nous te pardonnons avec joie.
{S'il ne fallait garder qu'un titre}: I Want You. Si tu es grand, brun, drôle, athlétique, les yeux clairs (ou sombres après tout), cultivé et que tu peux jouer cette chanson, épouse-moi tout de suite. Comme quoi ce n’est pas si compliqué.