Il faut toujours se méfier des albums éponymes qui apparaissent en "milieu de carrière". Plutôt qu'un manque d'imagination, ils traduisent en général une déclaration d'intention, du genre (ici) : "Blood Red Shoes", en fait, c'est ÇA !". Et c'est une bonne nouvelle pour tous ceux qui, comme moi, avaient été sévèrement déçus par le pâlichon troisième album de notre duo chéri de Brighton ! Parce que Laura-Mary et Steven, ce coup-ci, sont bien énervés. En colère, même. Exit (ou presque) les vocaux néo-Feargal Sharkey de Steven, et les banales ambiances dream pop qui parasitaient le précédent opus. Dès l'intro, on sent que ça va saigner ! Et de fait, Blood Red Shoes, cultivant ici une sorte d'héritage Pixies-Nirvana, semble désormais le plus américain des groupes bruitistes anglais : si les mélodies restent bien troussées, elles sont désormais propulsées par un son agressif, impressionnant, et par des vocaux moins sucrés. Du coup, Blood Red Shoes perd un peu en singularité, mais gagne en vigueur. Et ce d'autant que le style martial du groupe continue à avoir un effet euphorique sur l'auditeur, qui se surprendra vite à brailler certains des refrains de bel album, en choeur avec Steven et Laura-Mary. Une franche réussite, donc.