Recoil.
A.k.a projet solo d'Alan Wilder, clavier principal de Depeche Mode entre 1982 et 1995.
Grande découverte de ce début d'année pour moi que cet opus de Recoil. Ayant déjà entendu parler de la carrière solo de l'ex Depeche Mode, j'écoute Liquid qui ne me plait pas trop. Étant plutôt fan du côté indus/EBM qu'apportait Wilder aux compos de Gore pour DM, je décide donc de partir de la période pendant laquelle Wilder fait encore partie du groupe. J'opte donc pour ce Bloodline, qui vante ses mérites pour être le premier opus du monsieur vraiment reconnu par la critique.
En 1991, juste après un "World Violation Tour" qui termine de rendre mondialement populaire Depeche Mode, Wilder est appelé au mois de mai par ses amis et collègues de Nitzer Ebb (qui a ouvert les concert de DM pendant une grande partie de la tournée) afin de produire le quatrième album du trio EBM; Ebbhead. Juste avant cela, entre janvier et mars, il couche sur bande les compositions qui deviendront Bloodline.
L'album est mixé en fin d'année 91 et sort chez Mute en avril 1992.
Bloodline, ce serait musicalement la transition parfaite entre Violator et Songs Of Faith And Devotion. Le travail d’orfèvrerie sonore et le perfectionnisme de Wilder sur les sons et les synthés du premier rencontrent le côté plus trip-hop et quasi rock du second. L'album contient donc sept titres, tous composés par Wilder. Cinq morceaux contiennent des parties vocales écrites et chantées par Doug McCarthy (de Nitzer Ebb), le jeune DJ encore peu connu Moby (son remix du thème de Twin Peaks, "Go", squattait les charts dance à l'époque) et la chanteuse du groupe Curve Toni Halliday (aucun rapport avec les français, ouf). Les sept titres s'enchainent bien et sont assez homogènes, ils présentent tous un son très électro/indus, parfois proche de l'EBM, parfois de l'electronica ou du trip-hop. "Faith Healer" évoque un mélange entre My Life In The Bush Of Ghosts et le Belief de Nitzer Ebb, principalement à cause de la présence de McCarthy au chant. "Elektro Blues for Bukka White" est une sortie de contexte blues en milieu électronique. On retrouve une ligne de basse qui à fait le succès de Depeche Mode avec une rythmique qui préfigure SOFAD. Le morceau est quasiment une première pierre posée sur l'édifice trip-hop et m'évoque en tout cas l'album Play de Moby. Suit "The Defector", hommage instrumental de la part de Wilder a Kraftwerk ponctué de samples divers tel qu'Anthony Hopkins, le morceau est une bombe d'electronica et d'IDM tel que le groupe L.F.O en a fait pour leur album Frequencies peu auparavant.
"Edge To Life" sonne très années 90 et m'évoque un peu les premiers albums de Bjork. C'est un morceau plus léger voire plus sirupeux que ses comparses. Avec "Curse", on retrouve d'abord les respirations de "To Have And To Hold", avant de se retrouver perdu dans un rap "slammé" de la part de Moby ponctué de petits samples de D.A.F (ce que je trouve assez jouissif pour ma part).
Le morceau titre, "Bloodline" retrouve un peu les caractéristiques de "Edge to Life", mais en plus uptempo.
L'album se termine tranquillement avec "Freeze", tombant directement dans l'IDM et évoluant dans des arpèges de piano et de synthés évoquant Steve Reich.
Au final, cet album est une bonne surprise. Il est pour moi un classique de la musique électronique trop peu connu, ou peut-être sous-estimé. Presque à la manière de Brian Eno et David Byrne une décennie auparavant, Alan Wilder distille dans ce patchwork d'influences diverses et variées la recette de ce qui deviendra le trip-hop à la fin des années 1990.