On pourrait faire débuter la chronique de Bloom là où s'arrêterait celle sur le précédent Teen Dream. Beach House avait alors franchi une étape décisive, la production cotonneuse de Chris Coady n'y étant pas pour rien. Et comme l'annonçait récemment le single "Myth", rien n'a vraiment changé durant ces deux ans. La recette est toujours la même : un rythme minimaliste, une simple ligne mélodique de clavier, une guitare ambiante ; l'écrin idéal sur lequel vient se poser l'incroyable voix de Victoria Legrand, qui parvient à allier chant soufflé et voix pleine avec une remarquable maîtrise.
Ainsi, comme on l'avait fait deux ans auparavant pour Teen Dream, on vogue ici de piste à piste, guidés par les onomatopées enivrantes de Victoria, en restant blottis dans cet incroyable cocon de douceur souvent imité par une pléthore de suiveurs... mais bien sûr jamais égalé. Avec ses longues pistes chaleureuses qui se fondent les unes dans les autres, l'album doit être vu comme une seule et même pièce cohérente plutôt qu'une collection de chansons. Peut-être un poil plus dépouillé que Teen Dream et certainement moins planant, Bloom se pare parfois de gimmicks de claviers 16-bits qui rappellent avec nostalgie l'époque (pas révolue pour tout monde) où l'on bavait devant les thèmes synthétiques des premiers Final Fantasy ("Lazuli" ou "Myth"). Quelques pistes se hissent en haut du panier, notamment "On The Sea" que Victoria porte seule jusqu'à ce qu'arrive, magnifique, la guitare d'Alex Scally, changée pour l'occasion en mandoline angélique. "Irene", avec ses 8mn, est le morceau de bravoure de Bloom et nous promet le plus beau voyage du disque ; il n'y a plus qu'à se laisser porter par le piano tranquille de son refrain.
Non, décidément, les choses n'ont pas franchement évolué depuis Teen Dream. Et alors ? Y en a-t-il à qui cela pose un problème ? Je ne comprends pas le ressentiment de certains admirateurs du précédent opus qui se plaignent de la ressemblance de Bloom avec celui-ci. Les chansons ne sont pas les mêmes, si ? La production est identique ? Ben tant mieux ! Mieux vaut se réjouir d'un groupe qui a trouvé une excellente formule et qui l'exploite sur plusieurs albums ! L'effet de surprise n'est certes plus de la partie, mais la magie opère toujours.
Et si en 2014 ils nous refont le coup du Teen Dream III (ou Bloom II c'est selon), alors ainsi soit-il ; si ils ont toujours quelque chose à dire sous cette incarnation là, je ne leur lancerai pas la première pierre.