Impressionnant. Comment un live qui commence aussi mal, peut-il être aussi impressionnant ? Là on touche au surnaturel, les mecs. Un artiste au sommet de son art, qui ne s’embarrasse pas des contingences, et qui fait avec si elles sont défavorables, et qui utilise tout même les plus petits détails ou les grains de sable pour construire son solo. Les amplis qui sont mal réglées ? Le son du micro qui n’arrive pas aux enceintes ? Le matos qui te lâche en plein morceau ? Des conditions dantesques. N’importe quel autre artiste aurait jeté sa guitare et quitté la scène, dégouté. Jimi affronte chaque live comme si c’était le dernier. On comprend ça, on voyant ça. Et petit à petit, il reprend la main sur tous les éléments, tout se remet en place, tout ce bordel fait de bric et de broc prend sens, et surtout fait sens pour nous. C’est ça qui est fort chez lui. A partir de Machine Gun, il commande de nouveau aux astres, il frôle à nouveau les nuages, et dicte sa volonté à la fée électricité. Et comme à chaque fois, on se sent concerné, c’est ça son atout maître. Les autres virtuoses instrumentaux, les autres créateurs, quand ils frôlent les nuages, ils sont tellement loin que ça ne nous concerne plus, lui il est toujours très proche, collé à nous, et il nous touche en plein dans le ventre, nous remue les tripes, nous embrasse l’âme.
Et pourtant les morceaux finissent toujours « mal », ou de façon non orthodoxe, comme si il se disait en plein morceau : « Bon, ça fait un moment que j’improvise, j’en ai marre, on passe à autre chose ». Chaque fin est comme lâchée comme sorti de la glaise, comme un diamant avec crapauds beau et inachevé car il aurait put durer des heures. Et ça passe comme une lettre à la poste, parce que l’improvisation tient à ça aussi, une liberté absolue chèrement gagnée, le contrôle mais toujours sur la corde raide qui jamais ne se casse. Et quarante ans plus tard, devant l’écran on a deux solutions. Faire comme le public. Choisir l’option Mitch Mitchell, c’est-à-dire être en transe et bouger tout le temps dans tous les sens, ou choisir l’option Billy Cox, être debout comme un I, incapable de bouger d’un poil, complètement hypnotisé. J’ai choisit l’option Billy Cox.
Après ça, la seule solution valable si tu as une guitare électrique, c’est la jeter. Tu sais, si tu ne le savais pas encore, que c’est qu’un bout de bois qui coûte cher, et que tu ne pourras rien en tirer. Live aussi bon á écouter qu'à regarder.
Angie_Eklespri
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le 9 août 2014

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