Oui, Hendrix était viscéralement un bluesman et ses racines étaient profondes et anciennes. Marqué enfant par Elvis, il a compris d’où venait le rock’n’roll et portait une grande admiration à tous ceux qui l’avaient précédé. Mais c’était un bluesman des années 1960 et il a tout simplement dynamité la musique blues en l’emmenant dans une autre dimension, allez, oui, cosmique si on veut. Cette compilation de 1994 nous le rappelle et elle est exceptionnelle, ce qui n’a pas été le cas de tous les « inédits » depuis sa mort, loin de là. Ces morceaux ont été enregistrés entre 1966 et 1970. Sur les 11 titres, 6 étaient inédits à la sortie de l’album. Hendrix en a écrit sept; les autres auteurs incluent Muddy Waters , Booker T. Jones et Elmore James. L’album commence et s’achève par le même morceau, « Hear my train a comin’ », chanson originale d’Hendrix. La 1ère version est enregistrée à Londres en 1967, Jimi est seul avec une guitare 12 cordes. La 2e version est électrique en concert à Berkeley (1970), sorti officiellement depuis. Parmi les chefs d’œuvre de cet album, « Red House » reste un must indépassable, « Catfish Blues » aussi. Attention, certains de ces morceaux sont possibles grâce à tout un travail de montage. C’est le cas de « Voodoo Chile Blues », composées de 2 prises différentes de la chanson qui ont été assemblées pour former un seul morceau cohérent. « Mannish Boy » est aussi un assemblage de plusieurs prises mais ça ne nuit en rien à la force de la musique. Loin d’être un imitateur, Hendrix était un immense innovateur, capable de transcender ses modèles. Il a réussi à fusionner le Chicago Blues, le Delta Blues et le Texas Blues pour en donner sa propre vision, unique et inimitable, dépassant les frontières temporelles et géographiques, en dehors de tout cadre ou « style » imposé. Ca, c’est la force d’Hendrix.