That's right you got me shakin' !
Titre alternatif : "He does what he damn-well please"
Le 2 Février 2011, les White Stripes annoncent ce que tous leurs fans redoutaient depuis de longs mois (longues années?) sans se l'avouer. Quatre ans après leur dernier album "Icky Thump" le groupe a décidé de se séparer, nous laissant nous autres fans nous rouler par terre dans la boue en pleurant de toute notre âme.
Bien sûr, à côté nous avons toujours les autres groupes de notre amie Jack pour nous tenir compagnie, l'excellent The Raconteurs et le déroutant mais non moins très bon The Dead Weather. Mais tout ça c'est très beau, mais ce n'est pas The White Stripes. Ce n'est pas la même énergie, ce n'est pas le même rock.
Mais dans notre tristesse absolue de pauvres abandonnés une nouvelle perça les nuages dans ce ciel noir pour laisser passer la lumière chaleureuse du soleil : Jack White sortira un album solo. On s'en doutait, du moins on l'espérait, mais dieu que la nouvelle est bonne ! Le rockeur des temps modernes est de retour et il va nous bouleverser à nouveau !
Petit à petit, les attentes autour de cet album grandissent, et arrivent à un point où les fans ne pardonneront plus la déception. Cependant l'album arrive finalement et en déçoit un bon nombre. Comment une telle tragédie a-t-elle pu arriver ? L'album ne sonne pas pareil, le rock n'est pas aussi percutant, les riffs frappent moins fort, on a du sous-White Stripes, on a une déception.
Oui... mais non. A vrai dire, j'ai moi aussi été déçu de prime abord (d'ailleurs ma première note est de 7). Cela dit je me dois de confesser qu'à l'époque, à chaque fois que je découvrais un album de The White Stripes, le même schéma se répétait : je l'écoutais, j'aimais les morceaux mais ils ne me transcendaient pas, et j'avais cette sensation d'album trop court. Puis, je le réécoutais, une fois, deux fois, et les morceaux commençaient à me parler, j'en comprenais la richesse, ils me faisaient frémir, ils me faisaient me secouer, puis me mettaient dans une transe sans nulle pareille.
Et ce même schéma a simplement tendu à se répéter avec cet album. A chaque écoute je l'appréciais un peu plus, à chaque écoute je décelais un petit truc supplémentaire dans les morceaux qui les rendaient alors vraiment géniaux. Et puis alors, sans que je ne puisse crier gare, j'ai été transcendé.
Certes, les morceaux sonnent différemment, mais les riffs sont toujours présents et percutants, et même particulièrement intenses dans certains morceaux ("Weep themeselves to sleep") ; les mélodies et les envolées musicales sont particulièrement puissantes et envoûtantes ("Take me with you when you go") ; et l'énergie, mais bien sûr qu'elle est là ! ("I'm shaking" "Freedom at 21").
L'ensemble n'a pas la même allure que dans les albums de The White Stripes : ici Jack mélange le rock, le blues et le jazz pour créer un univers particulier ce qui rend l'album unique et d'une fraîcheur incroyable. Certes la guitare saturée de Jack est moins présente, mais les autres instruments sont partout et créent un environnement musical vraiment savoureux, moins rock, plus blues... mais est-ce moins bon pour autant ? Cet environnement musical laisse l'occasion à Jack de se défouler avec son chant. Même si ses cordes vocales étaient toujours très présentes dans ses albums précédents, elles restaient toutefois en retrait face à la force brutale des cordes de son instrument. Ici, il explore avec son chant des effets qui étaient très peu présents dans ses précédentes productions.
Pour avoir vu certaines pistes de l'album en live, je dois dire qu'elles n'y sonnent pas différemment des chansons placées sous le signe de The White Stripes. La musique envoûte, le chant se déchaîne, le tout met le public dans une transe incroyable.
Bref, Jack White est unique et ce n'est pas cet album qui dira le contraire. Différent, explorant de nouveaux univers mais étant continuellement à la recherche d'une perfection musicale, l'artiste nous a sorti un album moins rock mais vraiment bon. Je ne me lasse pas de l'écouter, d'apprécier sa diversité musicale, de vivre l'univers Jack White.
Evidemment, je suis un fan inconditionnel donc si vous êtes moins réceptif au rock du monsieur comptez un ou deux points en moins. Il faut néanmoins savoir que j'ai mis 10 aux albums des Stripes, ce qui prouve qu'on est quand même en dessous. On ne peut que regretter la présence d'au moins un morceau au rock bien gras surjouissif du même ordre que "Ball and Biscuit" par exemple, mais ce sera peut-être dans le suivant. On l'espère fortement.
En tout cas tant que Jack White sortira des albums, je serai un homme heureux car sa musique me fait vibrer comme aucune autre.
[EDIT] ... et maintenant je suis passé à 10. Pourquoi ? Tout simplement car j'écoute cet album avec la même passion que celle avec laquelle j'écoute ceux des Stripes.
J'aime énormément l'univers de cet album. Les textes me plaisent, étant essentiellement concentré sur les ruptures et désillusions amoureuses (il a visiblement bien kiffé son divorce avec sa russe lui !). Missing Pieces est un très beau texte sur l'histoire d'un homme qui perd des morceaux de son corps (littéralement) au fil de ses ruptures. Love Interruption est un excellent morceau ironique et sarcastique sur le sujet, avec un rythme détonnant. La tragique ballade Blunderbuss sur un adultère, du point de vue de l'amant. La douceur d'I guess I sould go back to bed sur le Blues amoureux. Et etc...
Sans oublier évidemment la fabuleuse reprise de Little Willie John, I'm Shaking, morceau gospel blues plein de fraicheur, et absolument transcendant. Gros coup de coeur de l'album.
Il serait dommage de ne pas mentionner Freedom at 21 et Weep Themselves to Sleep, de grosses réussites, et le final explosif Take me anywhere you go.
Si cet album avait été signé des White Stripes, il aurait pu être comme la suite de Get Behind Me Satan. Les deux albums surfent sur la même vague, plus musicale, plus lyrique, plus douce aussi.
En l'état on a un fabuleux album. Jack White, tout simplement.
Ma note est une note de fanboy. Mais j'assume. Et je suis heureux.