De cet album de 1984, 7 singles (sur 12 titres !!!) ont été extraits, un exploit rare, un des albums les plus vendus des années 80, celui qui a fait de Springsteen un star mondiale, puisque le Born in the USA Tour fera aussi escale au Japon en 1985. Tout semble trancher avec son prédécesseur de 1982, Nebraska, un joyau à la noirceur absolue que Bruce avait enregistré seul chez lui et nous racontant l’envers du rêve américain avec ses perdants, ses tueurs en série (Johnny 99) …Pourtant, plusieurs morceaux de Born in the USA avaient été écrits pendant cette période comme Cover Me ou le titre éponyme. Une chanson sur laquelle il y a eu d’entrée une grosse méprise («A lot of misunderstandings » disait Springsteen pour présenter la chanson sur scène) : beaucoup ont compris Born in the USA comme un hymne patriotique, la fierté d’être américain, la chanson sera même reprise par Reagan comme hymne de campagne pour sa réélection de 1984, à la grande colère du Boss qui le dénoncera en concert. Il suffit d’écouter les paroles pour se rendre compte que cette chanson raconte l’histoire d’un vétéran du Vietnam qui a beaucoup de mal à retrouver sa place quand il rentre chez lui (rejet, isolement, abandon de la famille qu’il avait fondée là-bas…). Bruce s’est inspiré du livre de Ron Kovic, Né un 4 juillet, l’auteur étant revenu paraplégique du Vietnam à 22 ans à la suite d'une blessure par balle. Il remet alors en question les valeurs qui ont forgé son identité (famille, religion, dirigeants politiques…). Un texte sombre et sans aucune ambiguïté. La musique par contre est très entraînante, bien plus que la version guitare-harmonica de 1982, apte à être reprise dans des stades entiers (la méprise vient peut-être aussi de là). Le reste de l’album continue d’explorer le rêve américain et ses travers, ses travailleurs/ses du quotidien (Working on the highway…) à travers des morceaux efficaces et dansant (Dancing in the dark, Glory Days, No surrender…). Dans Bobby Jean, Bruce rend hommage à son vieux pote Steve Van Zandt qui avait décidé de quitter le E Street Band après l’enregistrement de l’album. Il a été remplacé pour la tournée par Nils Lofgren et est revenu à la fin des années 90, avec Lofgren, lorsque le groupe a été reformé. L’album se finit plus calmement par My Hometown, un hommage à l’endroit d’où on vient, plus introspectif et nostalgique, l’important est de ne jamais oublier ses origines. Le carton a été mondial et immédiat, les stades remplis partout, mais les liens entre les musiciens ont commencé alors à de distendre et plus rien ne serait comme avant.

JOE-ROBERTS
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