Ah, il aura fallu l’attendre ce coffret anniversaire de Born to run mais il n’a pas déçu les fans, au contraire : un chef d’œuvre du rock, toutes périodes confondues, la confirmation d’un énorme talent d’auteur-compositeur-interprète-showman, un Springsteen qui joue en quelque sorte sa carrière sur cet album (c’est ce qu’il raconte dans le documentaire en DVD). Il avait déjà sorti 2 très bons albums mais qui n’avait pas vraiment marché hors de son New Jersey natal…Columbia voulait donc rentabiliser son investissement et ne lui a pas franchement laissé le choix : il fallait sortir un carton ou son contrat serait remis en cause. Bruce a réussi et avec quel brio ! Entouré d’un groupe qui est presque encore complètement avec lui aujourd’hui (Clarence et Danny nous ayant quitté), il casse la baraque avec des chefs d’œuvre comme Thunder Road, Born to run, She’s the one, le gigantesque Jungleland ou encore Backstreets…Des classiques, de véritables petits films en musique que Bruce est encore obligé d’interpréter sur scène aujourd’hui (le contraire serait impensable !!!). J’ai une grande passion pour Meeting across the water avec la trompette extraordinaire de Randy Brecker qui donne une couleur unique à cette chanson. En plus de l’album remasterisé, on trouve donc un DVD passionnant où les protagonistes (Bruce, Steve Van Zandt, Clarence…) nous raconte la naissance très difficile de ce chef d’œuvre. Van Zandt éclate de rire quand on lui demande si l’enregistrement de cet album a été une partie de plaisir ! « Pas vraiment ! Une partie de plaisir, je ne dirais pas ça…» répond-il en souriant. Bruce a passé tellement de temps sur cet album qu’il ne sait plus au moment de le sortir s’il est bon ou pas ! La tournée qui va suivre va le faire connaître comme un showman d’exception, capable de galvaniser une salle entière. Et justement, on possède un DVD live dans ce coffret, enregistré à l’Hammersmith Odeon de Londres en 1975, son 1er concert hors des Etats-Unis. C’est le seul concert intégral de cette tournée qu’on possède et malheureusement, la tension est palpable, lourde et Bruce sous tension n’arrive jamais à se lâcher totalement comme il le fait d’habitude. Dommage qu’on n’ait pas d’autres concerts (j’en possède de cette tournée qui sont fabuleux), il faut s’en contenter. Il est revenu à Londres la semaine suivante et le concert qu’il a donné a été autrement plus convaincant (malheureusement pas filmé…). Pour tous et toutes les fans du Boss, c’est un indispensable bien sûr. On peut juste trouver dommage que Columbia ne soit allée plus loin en ajoutant un CD des sessions de Born to run, ces sessions existent en bootleg et elles sont fantastiques pour comprendre comment on en arrive à une pièce maîtresse de l’histoire du rock.