Qu'importe la flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse...
Lorsque cet album est sorti, ce fût une joie pour le fan que je suis d'entendre à nouveau le baladin rebelle. Cependant, la lame de sa plume n'était plus aussi affûtée, ses airs pas toujours réussis et sa voix bien faiblissante.
On trouve encore du Renaud dans ces chansons mais il a pris du plomb dans l'aile. Le flacon a été vidé et les degrés ont quelque peu ravagé ses neurones.
La séparation d'avec sa compagne de 20 ans, grande claque dans la gueule bine compréhensible, semble d’ailleurs être le moteur principal de ses textes. Beaucoup d'apitoiement sur lui-même qui, même s'il le fait avec brio parfois, reste en deçà de ses textes d'antan. Alors certains morceaux demeurent très beaux comme "je vis caché", "cœur perdu" ou "mon bistrot préféré" tandis que d'autres, que ce soit dans les paroles ou dans l’accompagnement, apparaissent bien moyens voire sans intérêt (mon nain de jardin ??!).
Et puis sa voix est devenue un vrai souci. Renaud n'a jamais été un chanteur lyrique mais au moins, il chantait juste. Ici, certaines chansons laissent deviner que les abus de boisson ont eu quasiment raison de lui. Il est curieux de constater qu'il assure sur certains titres tandis que d'autres sont plus calamiteux dans l'interprétation.
Cet album fait plaisir à entendre pour la nostalgie, les textes et quelques jeux de mots encore piquants mais du côté de l'interprétation, c'est un peu un boucan d'enfer. Si Renaud ne me saoule pas encore, il s'est par contre trop imbibé et c'est bien triste.