Mai 1974 - Dans les rues de Dublin, 4 voitures piégées explosent faisant 30 morts et presque 300 blessés.
Septembre 1974 - La mère de Paul Hewson décède d'un anévrisme cérébral, le jeune garçon avait 14 ans.
Septembre 1976 - Deux cancres, un rebelle et un artiste trop sur de lui vont décider de se réunir autour de la musique...
L'affaire est loin d'être pliée d'avance, sur les 4, seulement 2 joue d'un instrument, dont 1 seul avec un niveau confirmé. Chanceux que seront ces messieurs d'avoir en leur rang Paul (futur Bono) Hewson, en rien compétent mais bougrement téméraire et désinhibé. Pendant que Larry Mullen s'ennui, que Dave Evans n'a toujours pas eu l'idée de brancher une pédale d'effet et que Adam Clayton touche à une basse pour la première fois de sa vie, Paul prend très vite en main, l'expérience juvénile et désorganisé du groupe. Il écrit tout les textes, (rôle qu'il gardera pour la grande majorité des morceaux encore aujourd'hui), propose voir impose les riffs de guitare ainsi que le rythme de la batterie.
1978 - Bono écrit les paroles de "Out of Control" a seulement 18 ans, la musique sera composée 1 an plus tard. Elle est encore jouée dans les tournées récentes.
1979 - Le groupe passe son année à enregistrer leurs morceaux ça et là, sans succès.
1980 - Les 4 compères font la rencontre de Steve Lillywhite, producteur en herbe.
Cette collaboration donne le premier album labellisé de U2, et après 4 années de travail, Bono n'est fort heureusement plus l'homme à tout faire. Même s'il reste l'auteur du riff de la guitare du morceau d'ouverture...
"I Will Follow" traite, avec une batterie brute et une guitare tout en écho, d'un garçon perdant la trace de sa mère, ainsi que de la surprise d'un berlinois qui se voit séparer de son peuple par 4 murs. Si le groupe a pour ambition première un renouvellement du style Punk, ce premier morceau aura raison de leurs idées reçues, et marquera à jamais la transition de l'idée primaire vers ce qui fera d'eux ce qu'ils sont à ce jour. En effet, la batterie bien que sévère, ne sert ici que d'appui au paroles, en opposition avec la guitare résonnante (futur marque de fabrique du Edge) tout à fait inédite dans le genre.
Après maturation, le titre deviendra un hymne rassembleur, aux valeurs autant socio-politique que nostalgique.
"Twilight" marque ce qui marque tout artiste à ses débuts. Globalement l'album, bien qu'encore somptueux à l'écoute, a des relents de répétitions. On tape moins fort sur la batterie et le chant est toujours maitrisé certes, mais les réglages de la guitare sont les mêmes. Bono, à l'écriture toujours aussi ambiguë, parlera de la puberté avec (à mon sens) une pincée de pédophilie.
Une chose à laquelle U2 ne démord pas c'est son attrait pour les drames, mais les drames mélodieux.
Dès ma première écoute du groupe il y a de ça 8 ans maintenant, une des choses marquantes (jeune critique que je fus) est cette capacité à créer une histoire sur plusieurs morceaux de suite, voir à associer des morceaux d'album différents en live. Dans Boy, les morceaux "An Cat Dubh / Into The Heart / Out of Control" formerons un trio. A eux trois, l'instrumental est légion. Souvenir d'une nuit marquante en passant par la triste nostalgie de l'âge bête, on a ici une introduction de 8 minutes 14 secondes pour le plus vieux morceau à succès du groupe.
"Out of Control" est la réflexion pressée mais exhaustive d'un jeune homme, aillant tout juste l'âge de raison, sur la naissance, l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte et la mort. Il expose l'absurdité d'une vie contrôlée et dirigée. Metro, boulot, dodo, je fais un enfant et ainsi ma vie s'achève. Selon l'auteur, la chanson a trop de Punk en elle au moment de l'enregistrement.
En live, celle ci se veut plus céleste et philosophique.
Comme énoncé pour "Twilight", la quasi moitié des morceaux ont une base similaire et non évolutive. On notera des exceptions instrumentales ou vocales comme "Ocean" ou "Another Time Another Place", mais rien ici ne peut être retirer à ce que le magazine Rolling Stone avait noté dans son numéro d'Avril 1981, un groupe ne dépassant pas la moyenne d'âge de 21 ans et ayant encore beaucoup de travail devant lui. Et pour 10 titres sur 11, je rejoins volontiers cette remarque, mais celle ci ne peut être valable pour LE tour de force de l'album...
"The Electric Co." offre au monde une vision d'avenir véritable sur le potentiel du groupe. Je dis ici potentiel mais à mon sens ce titre fait partie de ce que l'on peut se permettre d'appeler un accomplissement. La chanson traite d'un malade psychiatrique, torturé aux électrochocs au sein même de l'hôpital ou il est interné. The Edge s'exprime ici sans retenu, avec un talent tout particulier pour créer une ambiance, une scène. Le rythme effréné des notes et des va et vient du médiator donne un vrai courant électrique au groupe, et surtout à la batterie. Le texte donne du sadisme aux notes et au rythme, invitant le protagoniste de l'histoire à supplier, se tenir la tête, à donner des informations qu'il n'a pas. Que du prétexte mais aucune raison valable pour continuer à infliger le supplice présent.
Boy n'est pas le socle des 4 irlandais, mais un simple pied. Celui ci devra être exploité certes, mais il aura surtout besoin d'autres membres afin de soutenir la structure historique que deviendra U2 des décennies durant, et bien après.
1976 - Année de la formation du groupe, Paul Hewson rencontre Alison Stewart. En 2017, ils fêtent leurs 35 ans de mariage.
A celle qui nous aura obtenu les places pour le Stade de France le 26/07/2017.