Quel prestige d'être né la même année qu'une des meilleures galettes de son groupe préféré...
Seulement, pour l'album d'une naissance, ce n'est pas très joyeux. Cette jeune fille qui avance droit vers le Bridge, tout ça pour être stoppée par la police qui arrive à temps. Le tout s'en suit de nombreux flashbacks qui expliquent son acte. Rien de très rose.
Cependant, et c'est pour cela que Marillion a tapé juste dans le sujet. L'atmosphère, très angélique, espacée, presque noire, frappe dans votre poitrine. Nous sommes dans le lyrisme, dans le vrai lyrisme (le groupe ne fera pas mieux dans ce style, même avec des opus presque meilleurs comme Marbles). Tout est pensé, juste, calculé, mais jamais "trop". Les instruments grondent comme les cris de douleur de cette adolescente en manque de compréhension, puis s'éteignent comme s'ils voulaient représenter le recroquevillement cette fille dans son mal-être dépressif. Living With The Big Lie.
Peut-on dire à ce titre que le groupe a réalisé un disque de rock progressif ? Pour ma part, je dirais qu'il s'agit de son album le plus progressif, voire progressiste. Pas de références à Genesis comme dans Script From A Jester's Tears, pas de clichés aux seventies comme il y a pu en avoir période Fish. Mais ici, aucune chanson n'est à délaisser (Brave forme un tout, un vrai concept), on ne compte pas le nombre d'instruments utilisés... Et surtout, aucun style particulier n'est décelable, si ce n'est le style Marillion. Ce groupe caméléon, qui s'envole puis se replie sur lui-même, qui tire vers le symphonique (The Great Escape), pour s'échapper vers l'intimisme (The Hollow Man), en passant pas la hargne rock (Hard As Love). Progressiste.
Certains diront que ce Brave est un hybride, et un disque trop long. C'est ce qui fait son charme. Un alien parmi la discographie du groupe, je dirai même du rock en général. Une ascension vers la Lune ?
9/10
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