Issu des aléas de l’amateurisme stoner, Bright Curse est un trio actuellement basé à Londres, composé de trois français. Né de la persévérance de Mainrow, son lead guitariste et chanteur, il s’articule concrètement dans les sphères underground depuis mai/juin 2012, période à laquelle Mainrow et son bassiste Sammy finissent par trouver un batteur régulier. Rencontré grâce à JB Pilon, lequel signe également l’enregistrement de cet éponyme, Zacharie entre dans Bright Curse à l’aube de l’été de cette année. Sous peu, le trio nouvellement formé entre en studio et compose cinq titres en l’espace d’environ trois mois. Encore anonyme parmi les inconnus – en France, c’est un euphémisme d’affirmer qu’il y a plus exposé que la sphère stoner – Bright Curse lance son profil sur la plateforme de financement KissKissBankBank en août 2012 afin d’obtenir les fonds nécessaires à l’enregistrement de cet éponyme. En environ un mois, l’album est financé par plus de trente contributeurs. Le voilà maintenant produit, disponible sur Bandcamp. Il faut noter pour la postérité que Brad Boatright, responsable de la récente réédition du Dopesmoker de Sleep, s’occupe du mastering de ce premier album.

D’eux-mêmes, les trois se vantent du caractère honorifique de leur œuvre, en particulier envers des artistes tels que Colour Haze, Sleep, Graveyard ou, pour revenir à l’hexagone, Mars Red Sky. Une affiliation étonnante serait de les assimiler à une sorte de Tool des déserts couplé aux froideurs de Witchcraft, cette image étant en partie liée au timbre de cette voix qui, lorsqu’elle s’embarque sur les flots d’une douceur relative, propose définitivement une sorte de mix entre celles de Maynard James Keenan et Magnus Pelander. Sur la forme instrumentale, les influences citées précédemment par le groupe lui-même sont effectivement pertinentes. Aussi les artistes ainsi évoqués dépendent-ils d’une exploitation tantôt lourde, tantôt ataraxique des harmonies musicales. Colour Haze, à travers son psyché hendrixien couplé aux déflagrations désertiques de structures parfois violentes, joue d’un stoner que l’on pourrait aisément qualifier d’hippie. Bright Curse s’en approche par moments, notamment dans « What’s Beyond The Sun », et de manière plus générale dans toutes les phases atmosphériques. Parfois phagocytée par la faiblesse relative du chant chevrotant de Mainrow, la consistance du cinq-titres peut faire preuve d’une banalité valétudinaire ; heureusement la technicité instrumentale rattrape ce travers finalement secondaire. Dans l’ensemble, le trio propose pour ce premier essai trente-cinq minutes d’un stoner de qualité, finalement dépouillé d’une quelconque dépendance stylistique envers ses influences. Il faudra néanmoins acquérir en maturité pour s’en affranchir plus en profondeur afin de développer une identité plus forte, plus mémorable. Pour le moment, Bright Curse est un groupe recommandé, à eux de se rendre indispensables.

Aussi méconnue soit la scène stoner en France, certains noms y résonnent d’une manière plus persistante que d’autres. Mars Red Sky, Abrahma et Blaak Heat Shujaa sont de ceux-là. Nul doute que Bright Curse, l’expérience aidant, devrait très prochainement s’imposer parmi ses confrères.
BenoitBayl
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le 9 déc. 2013

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