La pop à l'état pur avec Brill Bruisers, le nouvel album de The New Pornographers
Si les Américains et Britanniques semblent avoir le monopole du rock indépendant, les Canadiens n'ont jamais été en reste et même si le nombre de groupes/artistes est réduit, la qualité est toujours là. Arcade Fire est aujourd'hui le représentant le plus connu et des groupes comme les Constantines, Broken Social Scene (dont Feist fait partie), Destroyer, Metric et plus récemment les Japandroids et le phénoménal Mac DeMarco contribuent à la notoriété du pays. Depuis 2000 et l'album Mass Romantic, les New Pornographers se sont imposés parmi les grands noms de la scène indie canadienne, signés par la suite sur le prestigieux label Matador, ils ont enchaîné à un rythme régulier les albums de bonne facture. Bill Bruisers est leur sixième LP et probablement le plus accessible de tous.
Originaires de Vancouver, les Nouveaux Pornographes sont un supergroupe, c'est à dire un groupe aux nombreux membres qui font déjà partie d'autres entités musicales comme par exemple Dan Bejar, leader de Destroyer, Kathryn Calder chanteuse d'Immaculate Machine etc. Un mélange d'univers qui aurait pu donner lieu à un album varié, teinté de tous les styles représentés par les groupes successifs et pourtant nous sommes ici face un album uniquement pop et cohérent dans la mise en place des morceaux. Beaucoup de chœurs, une utilisation efficace de synthé (éclipsant les guitares, ce qui déplaira aux fans de rock pur et dur) et la présence de voix féminines rendant le tout élaboré, fluide et réellement efficace, bien aidé par une production impeccable. L'excellent singe "Brill Bruisers", premier morceau de l'album, en est la parfaite illustration et est une définition à lui tout seul de la power pop chère au groupe. "Backstairs" et "Marching Orders" étant dans la même veine et qualitativement égaux, se placent parmi les meilleurs titres de l'opus. On regrettera la petite forme de Dan Bejar, dont les deux morceaux qu'il signe sont parmi les moins réussis de l'album "War on the East Coast" et "Spidyr", même si cela ne nuit pas à la qualité intrinsèque du LP. Le leader de Destroyer étant prédisposé et bien meilleur quand il construit son habituelle pop suave un peu jazzy propre à ce que propose son autre groupe. Cependant, il apporte une alternative aux chansons d'A.C. Newman, le leader des New Pornographers grâce notamment à sa voix si spéciale.
Le gout sucré que laisse les chansons dans la bouche perdure d'autant plus que Bill Bruisers se termine sur le chef d'oeuvre "You Tell Me Where", explosion pop dans la même veine que l'intro évoquée plus tôt. Une leçon totale et une conclusion qui laisse à l'auditeur la pensée suivante "cet album est délicieux, j'en veux encore". L'écouter en boucle est donc une option que l'on ne saurait que trop inciter, mais l'alternative de se plonger ou se replonger dans les autres opus du groupe est vivement conseillée aussi. Ce sixième album des New Pornographers s'impose comme une des surprises de cette rentrée, car il faut admettre qu'on ne s'attendait pas à un telle réussite, réussite qui intègre pour le moment la (déjà) longue liste des meilleures sorties indie de 2014.