Dylan ramène le Rock chez lui
Flashback en 65, Dylan est au sommet de sa gloire dans le circuit folk, est la figure de la protest song, et tel Moise, a ouvert la voie pour des générations de musiciens à tout un pan de la musique populaire. Mais, le hic c'est que Dylan en a marre de toutes ces c******, et le fait clairement comprendre dans cet album qui libère son créateur des chaînes qu'il traîne alors.
Expliquons les faits : le folk s'est construit au fil des années un certain code de bonne conduite et de "bonne musique", en parfaite inéquation avec le désir de constante liberté du demi-Dieu. Mais le demi-Dieu est rattrapé par sa face humaine. N'en pouvant plus de l'énorme pression qu'il subit du fait de son nouveau statut dans la communauté folk, il se lâche sur cet album en électrifiant pour la première fois ses morceaux. Et ceci est à mon sens l'un des actes les plus représentatifs de l'esprit et de la philosophie même du Rock.
Reprenons, Dylan a les nerfs et veut faire savoir au monde qu'il en a sa claque. Ce qu'il fait par les explosifs Maggie's Farm et Subterranean Homesick Blues, où dans la première il se compare à un esclave au service du Folk, et remet tout le monde à sa place dans la seconde. Alors que dans Bob Dylan's 115th Dream, il fait ses adieux à ses amis folkeux.
Ainsi, Dylan ramena le Rock chez lui, le remodèle, et se le réapproprie en y ajoutant une touche de son génie folk. Ces textes préfigurent alors déjà ses nouvelles conceptions de la musique et de l'artiste, qui trouve l'inspiration sur la route (On the Road Again) ou dans les yeux de quelques muses (She Belongs to Me).
Par cet album, finalement, c'est la métamorphose de Dylan que nous pouvons entendre. Et ce phœnix tourne alors une page de son histoire dans le tremblant It's All Over Now, Baby Blue, pour mieux renaître de ses cendres dans les albums qui vont suivre.