J’ai écouté souvent cet album et à chaque fois, le même constat : artificiel par manque de cohérence musicale ;s’y mêlent cuivres rythm’ blues,bossa-nova, choeurs gospel,morceaux jazzy,orchestre à cordes,d’où émergent la voix et la guitare noyées sous l’orchestration ou les solos instrumentaux.
Pour comprendre ma relative déception,j’ai relu les interviews du producteur Boyd. Celui-ci pensait que le 1er album n’était pas assez ’’divertissant’’.Il veut des rythmes plus entraînants,des arrangements sophistiqués ’’comme un diamant aux facettes ’’polies’’,ai-je lu...Oui, mais à force de polir, on dénature l’essence de la musique qu’on croit embellir:Nick Drake est un diamant brut. Boyd a donc habillé les chansons avec des genres musicaux plus variés,divertissants,enjoués qui ne ressemblent pas à Nick Drake.
Sa mélancolie,son paysage intérieur,s’affuble ici d’un déguisement orchestral printanier,presque exotique,avec des rythmes syncopés,des 6/8 plus enlevés que le 5 temps funambulesque de River man, mais le charme est rompu .On ne peut avoir l’automne et le printemps en même temps n’est-ce pas ??
Le jeu de guitare de Nick, dont le secret est aussi le silence entre les notes,(absent dans Bryter Layter) très sûr rythmiquement, ainsi que son génie mélodique, la douceur de sa voix,n’ont pas besoin de toute cette joaillerie aussi précieuse qu’inutile.Il faut écouter Pink Moon, son chef-d’oeuvre,l’anti Bryter Layter, pour s’en convaincre...