Burning Bridges n'est pas une baffe. Je le verrais plus comme une rafale de mandales pharaoniques envoyées dans la tronche façon E. Honda de Street Fighter.
A l'instar de l'album, j'annonce la couleur. Pas de détails. Suite logique des déjà tranchants Black Earth et Stigmata, Burning Bridges est donc le 3eme rejeton du jeune Arch Enemy. Jeune mais expérimenté, Michael Amott et sa bande ne nous laisseront jamais aucun répit pendant ce qu'on peut considérer comme l'un des chefs d'oeuvre du genre.
La recette des suédois, on la connaît. Death ultra-mélodique, mâtiné de riffs thrash survitaminés, intermèdes de guitares délicieuses. L'apogée du groupe est atteinte sur cet opus.
Il n'y a quasiment aucune erreur à relever, aucune longueur, on ne s'ennuie jamais. On commence avec un quatuor furieux et efficace (The Immortal, Dead Inside, Pilgrim, Silverwing).
Alors je dis quoi moi? Tout est bon sur ce Burning Bridges, il m'est difficile d'être précis dans mon propos. C'est d'ailleurs sa force, les mélodies, les coups de boutoir, s'enchaînent de manière si évidente et naturelle qu'on se demande si l'ensemble ne serait pas plutôt le fruit d'une création mécanique.
Car la machine est bien huilée, Johan Liiva (dernière sortie pour lui) nous livrant une performance à la hauteur de la section instrumentale. Sa voix rageuse, et si particulière est parfaitement adaptée à la violence des riffs assénés tels des coups de marteaux sur du fer brûlant. Toujours à mi-chemin entre voix claire et voix death, le bougre assure! Sur le plan technique, les musiciens travaillent à la perfection, pas de fausse note.
Arch Enemy propose de surcroît, une certaine homogénéité dans ses compos, tout en variant les plaisirs. Passé le quatuor très offensif du début, on calme un peu le jeu avec Demonic Science et ses cassures rythmiques savamment orchestrées.
Malgré qu'il n'ait rien à envier aux pères fondateurs du genre que sont At the Gates, Dark Tranquillity et In Flames, je peux parfois comprendre qu'on ait tendance à les qualifier de 4ème roue du carrosse. Mais pour leur bien. Car l'approche stylistique du groupe diffère de leurs compatriotes. Cette patte thrash est si jubilatoire qu'elle ne peut qu'être magnifiée par les talents guitaristiques des frères Amott. Seed of Hate est une magnifique preuve du savoir-faire de la fratrie. Intro et riffs qui peuvent rappeler "Bad Boys" de Whitesnake, les frangins nous administrent un soupçon de hard-heavy explosif tout en y adjoignant des leads toujours si inspirés. Et que dire des soli...
Burning Bridges, vous l'aurez compris, ne peut qu'obtenir la note maximale. C'est l'état de grâce, car c'est un disque fort bien fortifié, sans qu'il se noie dans trop de complexité technique. On ne peut pas non plus affirmer qu'il est d'une simplicité évidente, car la virtuosité est une des empreintes du combo suédois. A la fois simple et complexe techniquement, il atteint son objectif. Ajoutons à cela que cet album est l'essence même de la musique d'Arch Enemy, vous comprendrez que l'on a affaire à l'un des plus grands groupes de Metal de son époque. Et au sommet de sa forme, c'est forcément jouissif. Le joyau de leur discographie. Evidemment un des albums majeurs du genre.