C'est bien Night of the Stormrider, prédécesseur de Burnt Offerings, qui a permis à Jon Schaffer et à son groupe Iced Earth de réaliser un grand pas vers l'avant. Cependant, aprés 1992, le line-up de l'époque a rencontré quelques mésaventures avec Century Media, à tel point que les solutions, face aux nombreuses difficultés, n'ont été réellement établies que trois ans aprés, à savoir en 1995, année de sortie de l'album.
Pour la réalisation des 8 nouveaux titres de cet opus, Jon a engagé un nouveau batteur et surtout un nouveau chanteur en la personne de Matthew Barlow qui va très vite devenir son meilleur ami.
L'écriture des morceaux de Burnt Offerings, selon Jon Schaffer, s'est créée avec une assez grande rapidité. Pourtant la qualité est plus qu'au rendez-vous: l'arrivée de Matt transcende les parties vocales jusqu'ici moyennes du groupe. Il incarne le chanteur que l'on ne pouvait espérer car très en phase avec le style (et les différentes atmosphères des morceaux) maintenant bien établi de Jon, à savoir la succession de riffs très lourds et de passages acoustiques. Iced Earth a enfin son chanteur et Jon assène avec beaucoup de virtuosité son don divin de guitariste rythmique incroyablement puissant et original. La production se fond également à la réussite de ce nouveau Iced Earth: car,si jusqu'à présent le son était plutôt faible sur Burnt Offerings, il n'y a plus lieu ici à quelconque critique.
Rien ne serait pourtant parfait si les nouvelles compos n' étaient pas à la hauteur. Mais ces dernières sont toutes prodigieuses.
L'ouverture de l'album avec le titre éponyme est de grande envolée à la fois puissante et prenante. Iced Earth pratique du très gros heavy métal et que ce soit le batteur, le bassiste, le guitariste soliste, le chanteur ou Jon, tous les protagonistes y sont tous, à partie intégrante, pour beaucoup. La présence rarissime d'un clavier apporte elle aussi une subtilité à un édifice déjà très bien établi et indestructible. Et là où Iced Earth frappe vraiment fort c'est que les cinq compos suivant le splendide "Burnt Offerings" sont elles aussi de très grande qualité.
Le caractère parfait de l'enchaînement de tous ces titres prend toute son ampleur dès la ballade "The pierced spirit", judicieusement placée, qui a le culot de se dégager des sentiers battus (à savoir celui du refrain répété avec le solo aérien classique) pour proposer plutôt deux minutes d'une volupté somptueuse (magnifiée par un trio entre la guitare acoustique,le piano et la voix sensible de Matt) et qui fait office de pause au milieu d'un déluge d'une puissance aussi affolante que spectaculaire. Ce n'est en fait que pour mieux apprécier la compo finale de l'album qui nous réserve le meilleur...pour la fin justement ! D'une durée de plus de 16 minutes "Dante's inferno" est l'un de ces si précieux morceaux qui restent à jamais gravés dans votre mémoire en vous rendant totalement transcendé à chaque écoute.
Même si Jon considère que c'est l'album qu'il aime le moins (est-ce à cause des nombreuses difficultés éprouvées lors de la période précédant l'accouchement de Burnt Offerings ?), on ne peut s'empêcher de penser que l'une des plus majestueuses perles du Metal, à la fois puissante et mélancolique,a été réalisée. Tout simplement en donnant le pouvoir à l'auditeur de s'évader et voyager au plus profond de son âme pendant plus de 50 minutes. Une oeuvre sombre et parfaite que toutes les contrariétés de ce monde ne pourront désormais plus vous arracher.