Du chorus, des nuages molletonés, et des petites surprises
Comment ne pas aimer cet album écrit au premier degré (par opposition au très cérébral - et non moins brillant - Onqotô) si vous êtes un peu cœur d'artichaut : la spontanéité des sentiments mêlée à l'intelligence de l'écriture ne peut que vous toucher. La surenchère de chorus, les sonorités un peu suranné des mélodies et des claviers, s'ils écœurent un peu sur la longueur, donnent au tout une atmosphère particulière, cotonneuse. Quelques intrus viennent nous divertir ou nous secouer dans notre agréable torpeur : les accents d'orchestre samplés complètement inattendus dans l'ouverture de "José", le premier titre de l'album ; les accords d'introduction de "Eu Sou Neguinha", paraissant sortir tout droit de la pop de Marina Lima ("Me Chama"), le solo de guitare saturée et bourrée de chorus (évidemment) à la "Purple Rain" sur "Noite de Hotel" ; la sécheresse percussive de "Depois Que O Ilê Passar", à laquelle répond le titre de clôture, "Ia Omim Bum" ; le chant de "Bola de Neve", qui rappelle les heures expérimentales de l'artiste ; la reprise du thème de "O Leaõzinho", un titre qui apparaissait sur Bicho, transposé hors tonalité à la fin de "Giuletta Masina" ; la guitare portugaise de "O Ciúme" ; la mélodie ringarde soutenue par des guitares rythmiques dopées au chorus de "Fera Ferida". Cet album me rassure et me donne l'impression que je l'écoute depuis toujours.