Le chanteur et le bassiste sont italiens. Le claviériste est mexicain. Le batteur est français. Le nom du groupe mélange le nom d’une ville égyptienne (Le Caire), et de la capitale du Kenya (Nairobi). La formation est basée à Londres, mais enregistre sa musique entre Rome et New York. Vous l’aurez compris, Cairobi ne s’embarrasse pas de frontières pour proposer une musique métissée, colorée, et délicieusement envoûtante.
Leur premier album éponyme balade l’auditeur des rivages de l’Afrique aux jungles sud-américaines, le tout sous fond de psychédélisme américain et d’élégance britannique bien senti. Gloubi-boulga indigeste et sans âme ? Pas du tout, car les influences mondiales du quatuor sont intégrées par petites touches à une pop psychédélique très dans l’air du temps.
Talent mélodique, influences exotiques
Plutôt que de nous embrouiller, ces gouttes d’exotisme viennent donner toute sa saveur à un genre musical omniprésent dans le paysage actuel, et parfois lassant. Avec Cairobi, on se délecte de la guitare wah-wah latino de Step Aside, des percussions africaines de Zoraïde, des cordes folk US de No Better Ending, de la gratte saturée londonienne de Saint… Le morceau phare de l’album, Lupo, est un rock psyché directement inspiré de Tame Impala, plutôt réussi. Et à chaque piste, la basse vient arrondir le son et flatter nos esgourdes.
Cairobi possède l’essentiel quand on veut réussir à l’art délicat de l’album pop : le talent mélodique. Et là où certains groupes internationaux ne proposent qu’un infâme ragout globalisé creux et préfabriqué, la formation de Londres a puisé dans ses origines diverses la magie d’un album expérimental sans jamais être ennuyeux. La mondialisation heureuse ? Elle existe en musique, c’est déjà ça.