Une anatomie pleine de cynisme
[...] Déjà, Cynic, qu’est-ce que c’est ? Un groupe à la carrière furieusement atypique. On a vu débouler ce nom pour la première fois il y a presque vingt ans, en 1993, sur une galette hors-norme, Focus. On y retrouvait une fusion de styles jamais opérées jusqu’alors : un bon coup de death metal, une bonne poignée de progressif et une belle pincée jazzy. Un album monstrueux qui a laissé une solide empreinte aux générations suivantes, qu’on se situe du côté du public ou des artistes. Un bon avenir souriait à Cynic, c’est sûr. Mais voilà, le sourire s’est transformé en grande claque sous le nez. Un an plus tard, le groupe se sépare, laissant leur pépite Focus, comme seul et unique rejeton orphelin.
Et puis, douze ans plus tard, les revoilà qui reviennent comme des fleurs pour enfin jouir de leur carrière qu’ils méritaient tant et qu’ils n’ont pu faire par le passé. Les concerts de reformation on été applaudi de beaucoup, signe que depuis tout ce temps, le groupe n’avait pas encore été effacé des esprits. Pour ma part, j’ai eu l’occasion de les découvrir à ce moment-là durant le Hellfest 2007, toute première date française donnée par le groupe depuis leur retour. Très bon souvenir d’ailleurs : une réunion très réussie à cette époque où la mode des reformations diverses et variées commençaient à avoir le vent en poupe (et pas toujours très réussies en prime). Boosté par ce regain de la part du public, Cynic reprend sa carrière là où il l’avait laissé en publiant (enfin!) leur deuxième album en 2008, Traced In Air. Enfin, là où il l’avait laissé, c’est vite dit car quinze ans séparent les deux opus ! Et un laps de temps aussi long n’est pas dénué de conséquences. Déjà, depuis leur reformation, le groupe n’apparaît plus sous le même line-up. Sans compter qu’en toutes ces années, il est vraiment logique que les esprits changent, les goûts aussi. Et zou, dans ce deuxième album, on détruit les frontières. Les fans d’extrême peuvent aller se rhabiller, Focus est loin et Traced In Air n’a plus grand-chose de death. Évidemment, une telle évolution a laissé des personnes sur le carreau mais force est de constater que cet opus a tout de même été très bien accueilli par l’assistance. Comme quoi, les fans d’extrême peuvent être ouverts d’esprit quand ils veulent. A moins que ce soit la nostalgie et l’espoir de voir débouler une suite dans la lignée de Focus qui les fait encore tenir là. [...]