Centipede Hz par Lopocomar
Un jour de janvier 2009 le ciel est tombé sur la tête des new-yorkais d'Animal Collective. La pochette à effet d'optique avait un effet hypnotique cachée dans sa galette. Déjà labellisé album de l'année par les critiques en ce millésime à peine débuté, Merriweather Post Pavilion a continué de récolter les lauriers publics et critiques jusqu'aux fameux classements de décembre où il a quasi-unanimement ramassé la plus haute place du podium. Sûrement les premiers surpris de tout cette attention, le groupe a donc pris son temps pour donner une suite en sortant "seulement" l'EP Fall Be Kind et une sortie solo respective pour Avey Tare et Panda Bear. L'exploit étant impossible à reproduire, comment la troupe peut encore nous surprendre et nous convaincre ?
Merriweather Pavillion et son "calme" apparent est révolu. Animal Collective n'a peut-être jamais été aussi dissonant, foisonnant et déroutant. A la limite de l'agacement, on se prend parfois à imaginer une version épurée de ce foutoir. Le quatuor a en effet un certain sens de la mélodie, bien cachée ici sous des tonnes de pédales piétinées et de machines bidouillées.
Moonjock ouvre le bal et ne prend pas de détours, ce sera le bordel dans nos oreilles. Arythmie de la mélodie, effets sur la voix à n'en plus finir et structure générale proche du puzzle passé à la machine à laver. La clipée Today's Supernatural s'égosille sous fond de percussions triturées. Parfois, la bande à Basile s'apaise le temps d'un titre pour donner "Father Time", "New Town Burnout". Deux moments de choix dans ce brouhaha. Aussitôt contre-balancé par Mercury Man aux allures de train fantôme sous acides.
Au rayon des influences de Merriweather, on rangera Applesauce et Pulleys qui sonnent plus que familières.
Bien malin celui qui saura ce qui s'est passé dans la tête des trois bonhommes. Une envie de tout foutre en l'air après le succès public et critique du précédent ? En tout cas, libre à vous de juger dès le 2 septembre et je mise une grosse pièce sur le fait que ce ne va pas faire l'unanimité. Pour autant, malgré une première moitié irritante, il faut laisser sa chance à ce Centipede HZ pour profiter de sa deuxième partie plus harmonieuse et écoutable. Tout le contraire de sa pochette à vomir.