Ce que j'aime chez Animal Collective, c'est l'aspect extraordinaire de leur musique, inhumaine et surhumaine à la fois. C'est chargé d'émotions fortes et primitives, c'est exprimé avec la spontanéité la plus pure. On dirait de la musique faite par et pour des créatures fantastiques, des êtres sylvestres, sauvages et rigolos comme des Ewoks, inaccessibles et heureux comme des Kokiris. J'adore l'angle avec lequel ce groupe aborde la musique, ces rythmes tribaux qui excitent tout votre corps, ces multiples chants répétés dans un état de transe, tous ces bruits bizarres qui parsèment chaque morceau, comme si la nature chantait de cœur avec les membres du groupe, les oiseaux, les arbres, les fleurs (/!\ trip écolo /!), comme dans les vieux Disney. Comme si tout ce petit monde vivait dans une communion parfaite, en toute logique, et passait son temps à chanter et à jouer de la musique, tout simplement parce que ça les emplit de joie. C'est cathartique.
La musique de ce groupe est terriblement contagieuse. En l'entendant, j'ai une envie folle et agréable de faire n'importe quoi, tout ce qui me passe par la tête, de libérer mes désirs inconscients. C'est le résultat obligé de la cérémonie exorciste que nous offre Animal Collective. Quand je les écoute, je sais pas, j'ai envie de sauter partout, j'ai envie de crier « YAAAAAAAAAAAAAAAAAAH », de faire cuire des bananes grecques à l'huile de noix de Saint-Jacques dans une sauce blanche marinée de yaourt au poivre (je ne sais pas cuisiner), de citer un axiome de Spinoza en direct sur TF1, pire, j'ai envie de COMPRENDRE un axiome de Spinoza (en direct sur TF1), de me tricoter un babyfoot, de ranger mon appart, de jouer de trois didgeridoos en même temps et avec les yeux, BREF, j'ai envie de vivre putain, ce groupe m'emplit de joie, voilà.
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La critique aurait dû s'arrêter là, n'est-ce pas ? Elle aurait dû s'arrêter net, j'aurais mis 9 coeur, les groupies en la lisant auraient dit « ptin mé oué mé pareil il a tro rézon c bien animal collective, surtou kan t foncdé mdr ».
Eh bien non, parce que Centipede Hz, c'est une grosse daube.
Oubliez les Ewoks et les Kokiris qui gazouillent avec les tulipes, ils ont été décapités par des humains qui se font passer pour des martiens qu'ils ne sont pas. Les arbres ont été tronçonnés, les fleurs incendiées, leur absence comblée tant bien que mal par les sapins en plastique qu'on a balancés çà et là pour déguiser l'univers original perdu du groupe. Disney c'est dépassé, et la seule envie qui me vient à l'écoute de cet album, c'est de me jeter par la fenêtre. Remarquez, il ferait un carton dans un certain coin de Guantánamo. Quand on vous balance Todey's Supernatural dans le casque avec le volume au maximum jusqu'à ce que vous crachiez le morceau, n'hésitez pas : avouez tout, tout, TOUT, dans la seconde qui suit.
Centipede Hz, c'est du Animal Collective fallacieux, un album faussement inspiré qui autoparodie le style du groupe et qui ne me fait pas vomir des arcs-en-ciel. Juste de la bile.