Central Belters
7.4
Central Belters

Compilation de Mogwai (2015)

Un quart critique de Central Belters, trois quarts critique de l'industrie du best of

Généralement, les best of, ce sont des albums un peu plats, pas forcément reluisants, qui reflètent pas totalement la personnalité d'un groupe, qui se contentent de mettre en avant les gros gros tubes (et des morceaux un peu moins connus, faut être honnête, un peu) pour faire vendre. Le best of, c'est souvent un truc commercial à souhait, qui transpire l'auto-satisfaction et la thune facile.


Le best of, c'est comme un inédit (qu'on retrouve généralement sur le best of pour avoir une bonne excuse pour que les gens achètent), il peut en sortir des caisses sans jamais que ce soit bon, tant au niveau quantité que qualité. C'est souvent au niveau qualité que ça pèche, d'ailleurs. Pourquoi se contenter des gros tubes bulldozers ? Pourquoi aller chercher du "Sunday Bloody Sunday" quand on peut avoir un "Van Diemen's Land" ? Pour refuser l'intimiste ? Pourquoi chercher le score à chaque fois ? Un truc m'échappe, je ne saurais dire quoi. Peut-être la cohérence. Oui, si vous vendez vos best of, c'est parce que les gens connaissent les morceaux dessus. Oui, si les gens achètent vos best of, c'est parce que vous flattez un peu (beaucoup) leur ego en leur faisant miroiter un truc énorme, un truc jamais vu avant : TOUS VOS TUBES SUR UN MÊME CD ! BORDEL TOUS VOS MÉGA HITS QUI PASSENT 36 FOIS PAR SEMAINE A LA RADIO SUR UN MÊME CD ! SI C'EST PAS MERVEILLEUX GISÈLE ! UN ALBUM DE U2 OU ON PEUT ENCHAÎNER SUNDAY BLOODY SUNDAY ET ONE SANS MÊME CHANGER DE CD !


Et vas-y que je te balance des morceaux inédits, des remix douteux par des gars qui cherchent à se faire mousser. Mais attention, ne perdons pas le chaland, ça serait dommage de rater deux millions de ventes. Des fois, le best of sert aussi à relancer une carrière en demi-teinte, qui s'éteint comme un sénateur romain après qu'il a trop bouffé allongé (coucou Scorpions !). Des fois, on trouve qu'un best of, ça fait pas assez (laissez-moi rire) donc du coup, DU COUP, on en ressort un deuxième (re-coucou, U2 -toute homonymie avec un jingle pourrave est proscrite), parce qu'on sait jamais, peut-être que le hold-up va se reproduire. Et du coup, le deuxième best of (sérieux, avec ou sans, la carrière de U2 aurait été strictement la même), bah il fait un flop PARCE QU'ON A DÉJÀ MIS TOUS LES TUBES SUR LE PREMIER SORTI QUATRE PIGES AVANT (la cohérence, c'est sidérant). Bref, ça me sidère et c'est à tâtons que je me suis lancé dans l'écoute de Central Belters, l'album compil (un best-of quoi) de Mogwai.


Je replace pas le contexte, si vous êtes ici, c'est que vous connaissez un minimum le groupe. En gros, pour ceux qui suivent pas, Mogwai a 20 piges et Mogwai en profite pour sortir une rétrospective de sa carrière musicale. Un bon gros gros pavé. Du coup, parce que c'est pas le genre à faire dans la demie-mesure, on se retrouve avec un Central Belters d'une durée pharaonique de... 3h40 ! Ni plus ni moins. 3h40. Emballé c'est pesé. Bon, faut les avaler. C'est comme un steak d'un kilo, quoi. Ça se fait pas tous les jours et faut être en condition. Mogwai nous prend par la main et nous emmène dans une rétrospective de leur carrière intéressante. On n'a pas que les morceaux phares, les gros trucs du groupe (sinon, je dois bien avouer que je serais incapable de ressortir un best of d'une heure). On a de tout. On a des morceaux un peu connus, comme la BO des Revenants, on a le dantesque Remurdered extrait de Rave Tapes, leur dernier album en date. On a trois longs morceaux, qui surnagent, avec une durée supérieure à 10 minutes (dont deux qui dépassent allègrement, ensemble, la demi-heure).


Plus qu'une compilation, cet album est un effort musical à part dans l'industrie culturelle. Sortir un tel objet en CD et en vinyle quand le support physique a tendance à perdre de la vitesse, je trouve ça osé. Le collectionneur appréciera, le fan du groupe aussi. Et c'est sûrement cette frange que les Écossais cherchent à toucher. Il serait dommage de fêter 20 ans de carrière sans son public.


Pour reprendre ce que je disais plus haut (faut bien que ça serve, de s'emporter), Mogwai ne fait pas un best of qui transpire l'auto-satisfaction et le fric facile. On n'est pas confronté au best-of de relance de carrière après un album un peu faible. Non, c'est vraiment une grosse grosse célébration avec et pour les fans d'une carrière de deux décennies au-delà des Highlands écossais. Il n'y a pas non plus de duos improbables et des remixes sortis d'un cerveau malade. Juste des compositions maison, avec ce qu'il faut de magie et de mystère pour que Mogwai soit toujours Mogwai.

lcs_hbr
9
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Créée

le 11 nov. 2015

Critique lue 360 fois

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Lucas Hueber

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