Et de battre mon coeur s'est arrêté, quand à mes oreilles ses lèvres ont murmuré, une reprise du pur Daniel Balavoine "Aimer est plus fort que d'être aimé". Tel fût mon premier émoi pour Christine and the Queens. La simplicité des arrangements pour laisser place à la force des mots et la caresse d'une voix qui trouve le chemin le plus court vers l'âme humaine pour y injecter sa chaleur sans plus de précautions. Pas de fioritures, des beats lancinants, des lignes de basses autistes, un clavier pur parfois religieux,parfois extraterrestre, des lignes mélodiques parfois candides pour laisser place aux mots torturés mais salvateurs au goût de mercurochrome. L'écoute de ce premier album s'est faite naturellement, dans l'évidence du coeur et dans la complexité des rapports internes et externes. L'enfer c'est les autres mais aussi soi avant tout. Se réconcilier avec son corps et ses peurs pour avancer tête haute et renouer avec l'Humain. Voilà ce qu'on trouve en ouvrant la porte sur son univers qui peut paraître glacial, comme la société et ses cases flanquées d'étiquettes carcérales. Chaleur humaine c'est le décor qui s'effondre pour laisser place à la Liberté d'être et de devenir, les barreaux ont laissé place à l'infini, le dressing contient absolument tous les costumes et le corps n'est plus une enclume(It/Narcissus is back/Ugly pretty ). La fragilité ici n'est pas faiblesse, Christine nous rappelle que la quête du bonheur est avant tout la quête du moi profond et l'art de l'assumer. Qu'importe le reste. Chaleur humaine nous ramène à nous égoïstement mais comment aimer les autres et être aimé correctement quand nous ne sommes pas celui ou celle que nous paraissons. À l'heure où la tolérance est encore bien souvent malmenée(Saint-Claude), ce chef d'oeuvre nous réapprend les bases de quelques principes fondamentaux. Se tolérer et s'accepter avant tout pour enfin avoir l'assurance de rayonner et que nulle critique ne puisse plus nous détourner de notre vraie nature. "Pour chaque insulte lancée, il pousse un grain de beauté "(Half ladies). Débusquer son identité profonde (Christine) même dans les cicatrices encore vives et les recoins inattendus (Nuit 17 à 52 /Here) pour avancer enfin sans trembler. Puis on fait une halte improbable sur un banc entre Christophe et Kanye West et on se laisse encore emmener sans retenue parce qu'encore elle est là. . . La SINCÉRITÉ. Pas de calcul, de recherche d'efficacité. Pas de gabarit, pas de formatage. Christine est envoûtante et troublante de sincérité. Et c'est ça qui vient cueillir notre oreille jusqu'à la racine...le coeur.