Comme tant d'autres, j'ai réellement découvert Stromae avec son album Racine Carrée, quand bien même Alors on danse s'était déjà fait entendre. Comme certains, je tente de comprendre l'artiste en revenant à son premier album, Cheese. Et malgré mon affection pour Racine Carrée, qui nous montre un réel artiste, accompli au possible, et n'hésitant pas à mélanger bon mot, sens profond, humour et une réelle recherche musicale, on ne peut pas en dire de même pour son grand-frère.
Cheese est un album très rapide à écouter mais finalement assez vide. Difficile, même après de multiples écoutes de se rappeler de ce dont les morceaux évoquent. Vaguement de violence conjugale (et d'horreur de la vie) avec Dodo, de l'amour de la musique avec Rail de Musique ou encore de la violence avec Peace or Violence.
Le fond est souvent absent, malheureusement. Stromae n'arrive pas, la plupart du temps, à fusionner la profondeur du texte avec le sens de l'écriture. Ainsi soit les propos sont superficiels tel Rail de Musique ou Bienvenue chez moi, soit ils ont bien du mal à être bien écrit, tel Dodo.
Nombre de morceaux évoquent principalement la musique, Rail de Musique, Bienvenue chez Moi et même House'llelujah (en plus de la religion). Des morceaux qui dans ce cadre sont à la limite de l'égo-trip. Certes, jamais Stromae ne tombe dans ce travers du rap, mais il est à la limite et finalement parle beaucoup pour ne rien dire (Je cours suit encore cet exemple).
L'album est rempli de vide, de creux, de quelques bons mots, mais souvent de manque d'idées. On notera les instrumentaux, ayant une réelle personnalité : celle de Stromae. Malheureusement, ces intrus, on en fait vite le tour et ils sont trop répétitifs. La comparaison avec le futur Racine Carrée fait mal : Stromae ne maîtrise pas encore son art pour que chaque titre soit à la fois unique et faisant parti d'un tout avec une âme propre.
Pourtant deux morceaux annoncent déjà ce que nous réservera Stromae : Alors on dance, bien sûr, mais surtout Te Quiero. Les deux soulignent avec ironie et un brin de rire le malheur de la condition humaine. A la fois dansant et tragiques, ces morceaux prennent tout de suite aux trips en parvenant à trouver les bonnes phrases, les bons vers, et l'union avec la musique.
Ces deux morceaux promettaient une belle suite, l'Histoire nous a prouvé que Stromae l'a fourni.